ComNat Géologie dans le nord-ouest du Cotentin, entre le cap du Rozel et la baie d’Ecalgrain,
les samedi 8 et dimanche 9 octobre 2022
Organisatrices : Gabrielle, Hélène
Animateur : Gérard
Participants : Gabrielle, Hubert P., Hélène, Dominique T, Dominique D, Pascal, Odile, Patrick, Gérard, Anick, Yvette, Robert, Laurence, François, Germain, Alix, Bernard, Françoise, Cécile et Hubert L. …
Samedi 8 octobre 2022 au matin : Rendez-vous à 10h route de La Folie au Rozel dans la Manche, juste au nord du Cap du Rozel.
Gérard accueille et présente les futurs géologues. Il nous avoue le long travail de collecte de documents pour illustrer cette sortie et distribue un petit matériel de mesure : boussoles, loupes, marteau, acide, clinomètre artisanal, carte géologique…
On descend rapidement sur la plage au bout de la route de la Folie, situation au nord du Cap du Rozel.
Nous observons que les roches sont disposées en un grand nombre de bancs de taille centimétrique, il s’agit de roches sédimentaires provenant de dépôts dans un bassin sédimentaire. Chaque banc centimétrique est une unité de dépôt continu correspondant à une séquence de sédimentation. Le fond du bassin sédimentaire s’enfonce (subsidence)
ce qui crée de la place pour la sédimentation de nouveaux dépôts. L’accumulation de ces dépôts est considérable et la pression lithostatique ou pression de charge augmente avec la profondeur. Ainsi les bancs inférieurs subissent une pression supérieure à celle des bancs situés au-dessus. Dans un premier temps l’eau sort des sédiments puis, sous les effets conjugués de la pression (2,7tonnes/m² d’après Hubert P.) et de l’augmentation de température, ils sont transformés en roche (diagénèse).
Ce n’est qu’après plusieurs millions d’années, que sous l’effet de contraintes, ces roches sont remontées à la surface. La série entière sur ce site est évaluée à 1700
mètres de puissance (épaisseur). Il faut noter que ce que l’on peut observer correspond uniquement à ce qui a pu être conservé, excluant, bien évidemment, ce qui s’est déposé puis a été érodé avant l’enfouissement.
Suite à de nombreuses questions, quelques notions géologiques suivent sur le plateau continental, les problèmes de sédimentation de la baie de la Seine, de la pollution et des nappes phréatiques.
Une petite expérience est réalisée, elle consiste à creuser en aval d’un ruissellement sur le sable de la plage et on constate aussitôt que l’érosion fait remonter la dépression dans le ruissellement vers l’amont jusqu’à obtenir un nouveau profil d’équilibre. Il s’agit d’une érosion régressive. Le surcreusement de l’estuaire de la Seine (Seine aval) risque d’entrainer ce phénomène avec risque de déplacements de métaux lourds et polluants actuellement piégés dans les sédiments.
On nous apprend aussi que dans le cas ou eau douce et eau salée entrent en contact, c’est par exemple l’eau de mer qui passe sous l’eau des fleuves dans les estuaires par différence de densité.
La roche présente au pied de la falaise ne raye pas le verre, donc pas de quartz, aucune réaction avec de l’acide, donc ce n’est pas calcaire, c’est de l’argile compressée, un schiste à grains très fins, une siltite (4µm à 64µm). A noter que la dénomination de schiste ne fait pas appel à la nature de la roche mais au fait qu’elle est affectée d’une schistosité de fracturation.
Le pendage (angle entre les couches et l’horizontale), à cet endroit, est de 20 degrés orientation ouest N270° (sur l’ensemble du site le pendage est dirigé vers le nord-ouest). Ces couches datées du Cambrien inférieur, soit 520 M.a., lire 520 millions d’années,(début du Paléozoïque = ère primaire, la base du Cambrien est datée de 540M.a. et représentée régionalement par le poudingue de base du Cambrien que nous avions observé dans la vallée de la Laize), sont impliquées dans la formation de la chaîne varisque (ex chaîne hercynienne formée entre 420 et 290 M.a.) et constituent une partie du flanc sud du synclinal de Siouville, d’où le pendage.
Poudingue : roche détritique comportant des galets cimentés entre eux. Si au lieu de galets, ce sont des éléments anguleux, il s’agit alors d’une brèche.
Présentation de la carte géologique de Cherbourg, montrant le synclinal de Siouville.
Le délitement de la roche laisse apparaître, à cette endroit, des figures sédimentaires appelées rides d’oscillation comme on peut en observer sur nos plages actuelles (à ne pas confondre avec des rides de courant).
Sur cette surface, des traces de bioturbation (ichnofaciès) témoignent de l’activité d’êtres vivants sur le sable de cette plage fossile.
Toujours au pied de la falaise (et aux nôtres !) on foule une roche noire, c’est une dolérite, roche de filon, dite hypovolcanique car le magma, qui est le même que celui des basaltes des dorsales et des fonds océaniques, mais qui ne parvient pas à la surface.
Fin de la première partie du samedi matin.
Puis en voiture on se rend à la plage de Sciotot (Commune des Pieux située entre le cap de Flamanville et le cap du Rozel) pour une courte étude de roche avant de déjeuner car les estomacs sont vides depuis tôt ce matin.
Observation sur le bord de la route du Val Mulet d’un affleurement de schiste.
Le schiste présent ici possède plein de petits grains noirs, c’est un schiste tacheté, à cordiérite. La cordiérite est un minéral de métamorphisme dont la formation
nécessite une température d’au moins 500°C. Ce schiste contient également des minéraux brillants allongés ce sont des andalousites
Vers 13 h 30 on déjeune agréablement sur des tables de pique-nique toutes neuves avec un beau soleil. !
Samedi après-midi :
A 14 h 20 on reprend la route vers le nord à partir de l’anse de Sciotot en direction de la Cale Jouan
.
En commençant par une belle descente accidentée, à chacun de faire bien attention.
Et nous voilà sur un sol presque lunaire jonché de gros cailloux sombres très polis portant le joli nom (donné par des mineurs germanophones) de Hornfels de Horn en allemand, la corne, et de Fels, le rocher, traduit en français par cornéennes. Ces roches ont un aspect rubané, ce sont des roches métamorphiques provenant de la transformation de roches préexistantes par la chaleur et l’augmentation de la pression, qui nous indiquent une température comprise entre 300°C et 800°C.
Pas facile non plus de marcher, par contre si on s’assoit c’est confortable parce que bien lisse.
Une petite pause vient à souhait car on aborde des roches très dures avec un pendage de 80 degrés vers l’est. Ces cornéennes présentent également des plis métriques dont nous pouvons observer les charnières. Le pendage des cornéennes et leurs plis témoignent d’une contrainte orientée Est-Ouest à cet endroit.
Et pour suivre un petit parcours sportif. Après une progression difficile dans de gros galets d’une roche de couleur clair, nous atteignons le gisement de cette roche massive, grenue constituée de plusieurs minéraux : des feldspaths roses (Orthose), des feldspaths blancs (Albite), des minéraux noirs et brillants (Micas de type Biotite), des minéraux verts (La Hornblende verte) et des minéraux gris (Quartz), tous ces minéraux étant visibles à l’œil nu.
Cette roche est un granite, roche d’origine magmatique dont la cristallisation se fait en profondeur qui ne peut être observé que lorsque toutes les roches situées au-dessus de lui sont érodées.
Prélèvement d’un échantillon de granite. Nous pouvons suivre le contact entre les cornéennes et le granite. Cette granodiorite s’est formée en même temps que les plis de la chaîne varisque (5000m à 6000m d’altitude). Le granite que nous avions observé à Vire (Granite de Vire-Carolles) et celui de la Roche d’Oëtre (Granite d’Athis) sont plus ancien (Chaîne de montagne cadomienne).
Explications devant l’affleurement de granite à la cale Jouan. Le magma granitique a une température d’environ 900°C. Le granite renferme ici des enclaves de cornéennes dont certaines sont parallèles aux cornéennes encaissantes mais dont d’autres ne le sont pas ce qui signifie qu’elles ont tourné dons que le magma était encore liquide.
Puis une montée, de plus en plus difficile.
Bref tout le monde arrive sain et sauf (ouf) prêt à continuer cette difficile mais intéressante promenade géologique par un autre site un peu plus haut.
A l’assaut du mont du Gros Bé par le chemin des douaniers. Ce mont granitique est haut d’environ 75 mètres. Au cours de cette randonnée nous apercevrons une première carrière abandonnée qu’un sculpteur occupe maintenant !
Vénus de Livio Giovannon, sculptée dans le granite, qui est restée très longtemps dans la carrière et présentait sur une des fesses une grosse tache noire, dite « enclave surmicacée » non visible sur la photo, composée de minéraux ferromagnésiens. Ces enclaves surmicacées proviennent d’un autre magma d’origine mantellique qui s’est joint au magma granitique.
Au bout du sentier on débouche sur la Carrière de granite, Le Coquet. Au lieu dit Le Coquet (près du Hameau Bonnemains), un chemin descend en bord de mer jusqu’à une petite carrière creusée dans le flanc de la falaise en bordure du massif. Cette carrière, libre d’accès, n’est plus exploitée à l’heure actuelle. On peut facilement y observer le granite aussi bien dans le détail (sur les blocs épars) que dans son ensemble, avec ses enclaves, ses filons et ses joints, les uns concentriques parallèles à la bordure, les autres perpendiculaires aux premiers et donc radiaires ces derniers sont des joints de tension.
Nous observons, à partir du milieu de la pente, des faciès d’altération du granite avec « une érosion en boules », les blocs sont arrondis et entourés d’une gangue sablonneuse due à l’altération et la désagrégation du granite, c’est l’arénisation du granite. Au sommet, l’arène granitique a été emportée par l’eau et les boules sont totalement dégagées dans un équilibre précaire, c’est un chaos granitique.
Sur le retour notre ami Pascal grand mycologue devant l’éternel déniche de belles coulemelles. Miam, Miam pour ce soir
On quitte le Havre Jouan direction Diélette.
Au nord du port de Diélette quelques coups de marteau pour déterminer encore des cornéennes mais cette fois-ci plus claires, et une couche de roche rouge foncé à marron due à la présence de grenats grossulaires (dont la composition chimique fait apparaître la présence de calcium), son origine est à rechercher dans la formation des « Schistes et Calcaire de Néhou » qui ont été métamorphisés en tactites (cornéennes calciques claires) et en grenatite.
Le grossulaire est un minéral de la famille des grenats, dont il représente le pôle calcique alumineux.. Son nom dérive du nom scientifique de la groseille à maquereau (Grossularia, synonyme de Ribes) en référence à la couleur du minéral trouvé en Sibérie. On parle de paragenèse calcique.
Au sud du port, au beau soleil couchant, nous arrivons sur les célèbres galets de granite bien ronds que pas mal de gens prélèvent discrètement avec modération pour mettre sur le pas de leurs portes, (mais faut pas le dire). Et parmi ces super cailloux avec des aimants on peut attirer des petites pierres gris foncés c’est de la magnétite.
La magnétite est un minéral ferromagnétique. Cet oxyde de fer peut être trouvé naturellement sous forme de cristaux au sein de roches éruptives (et donc magmatiques) ou métamorphiques : Ici à Diélette, elle contient un exceptionnel taux de fer soit 30 à 62 %, 52% en moyenne.
Fin de cette journée bien remplie.
Il est 19 h 15 quand on quitte Diélette pour le gite Thomas Hélie de Biville à quelques km.
Le temps de prendre l’apéro avec les délicieuses lépiotes élevées bien grillées de notre ami Pascal, et on se met à souper vers un peu plus de 21 h. Les bons petits plats préparés par les cordons bleus LCDN et ANdC suivent : Quiches, salades composées, cakes, etc. puis le « platal de fromgi », et les nombreux desserts « maisons » le tout bien arrosé de bonnes boutanches (blanc, rosé, rouge) comme il se doit. Bonne nuit tout le monde.
Dimanche 9 octobre 2022
C’est bien grâce à Gab. que nous avons obtenu un R.V. dimanche à la mairie de Flamanville avec Mr Le Maire qui gentiment nous ouvre le musée de la mine de Dielette spécialement pour nous. Visite très instructive bien animée par un homme charmant connaissant l’histoire de Dielette comme sa poche tant sur le port et son évolution que sur la centrale atomique sans oublier la très célèbre mine de fer.
La mine de fer de Flamanville dite de Diélette est due à la présence de la magnétite provenant du métamorphisme de contact, par le granite, d’une couche de minerai de fer préexistant, beaucoup moins riche en fer, cette couche se prolonge sous la mer. Cette mine particulière par son exploitation sous-marine, de façon discontinue de 1862 à 1962, a été définitivement fermée et absorbée par le chantier de la centrale nucléaire de Flamanville.
Visite du Musée de la Mine à Flamanville.
L’exploitation de cette mine entièrement sous-marine commence réellement en 1877. Les infiltrations imposent un pompage permanent des galeries, mais la grande teneur en fer du minerai (plus de 55% pour la couche 6), comparables au minerai suédois, rend l’opération viable. Les couches de 60m avec un pendage de 70° sont parallèles au cap de Flamanville. L’étayage des galeries par les mineurs est rémunéré à la tâche. A partir de 1909, c’est la société allemande Thyssen, à travers des sociétés intermédiaires, qui reprend l’exploitation. Elle entame la construction des installations qui perdureront jusqu’en 1962. Les installations à terre seront absorbées par la construction de la centrale nucléaire en 1978. Seul est encore visible le wharf qui permettait le chargement des vraquiers en mer. La cité ouvrière a été construite entre 1909 et 1914. Elle offrait aux familles des mineurs un confort inconnu dans les maisons rurales alentour. La centrale électrique qui permet l’exploitation est une des plus puissantes de France. La mine , allemande, est mise sous séquestre pendant la guerre de 1914-18 et se trouve noyée. Elle est remise en service en 1929, au moment de la crise économique, et ferme à nouveau en 1931. Elle redémarre en 1937… et s’arrête en 1940. Elle redémarre en 1950, avec les mines de la vallée de l’Orne, et ferme définitivement en 1962, en concurrence avec le
fer mauritanien. Les 150 ouvriers bénéficieront d’une reconversion en génie civil pour la construction du site nucléaire de la Hague.
Dessin schématique pour montrer le circuit du minerai entre les galeries d’extraction au fond et les installations au jour.
« 2 travers bancs de 90 et 150 m sous terre croisent les puits. Le personnel descend par le puits 3 et s’arrête à -90 m ou – 150 m. Perforation des trous dans la roche, mines et explosion. On creuse une cheminée pour un train d’échelle et une tuyauterie d’air. 2 mineurs vont abattre le minerai au plafond. Tout le minerai est évacué au niveau -150m, chargé dans des wagons et remonté en surface. Stocké, le minerai est transporté par le téléphérique jusqu’aux cales des navires vers l’Europe du nord. »
Voir Wikipédia Mine de fer de Flamanville.
Nouveau déplacement au site magnifique de la Baie d’Ecalgrain. Il est déjà midi et demi. Nous retrouvons notre guide.
Etude de la période du quaternaire
Ci-dessus : Dépôts de l’avant-dernier cycle glaciaire constituant ce qu’on appelle le Head.
Le Head est constitué de blocs anguleux de toutes tailles emballés dans une matrice argileuse. Les matériaux, issus de la gélifraction, ont été mis en mouvement
sur de faibles pentes lors des alternances gel-dégel sous climat périglaciaire. Ce Head est rattaché au Saalien (avant-dernière période glaciaire).
Un lœss couronne l’ensemble. Head et lœss sont des formations sédimentaires mises en place sous climat périglaciaire.
A la base de la falaise un lit de galets et de blocs émoussés, constituant une plage datée de 200 000 ans, est rapporté par les uns à l’interglaciaire holsteinien, avant la glaciation saalienne et par d’autres à un interstade chaud après le début de la glaciation saalienne. il repose sur une plate-forme d’abrasion. Il s’est déposé au cours d’une période de haut niveau marin, sous un climat tempéré. Les galets, de tailles variées, sont enrobés dans une matrice sableuse. La disposition des galets, dont certains galets sont redressés à la verticale, a été perturbée par la cryoturbation.
Solifluxion : La solifluxion est la descente, sur un versant, de matériaux boueux ramollis par l’augmentation de leur teneur en eau liquide. Pendant la saison moins froide la couche en surface (ou couche active) se met à fondre et glisse littéralement sur la couche inférieure solidifiée par le gel à une vitesse de 0,5 à 1,5 cm par an.
La période quaternaire a duré 2 millions 600 000 ans avec 52 périodes froides et 52 périodes de réchauffement d’après les stades isotopiques de l’oxygène (il existe dans la nature deux isotopes de l’oxygène : l’oxygène 16, 998 pour mille et l’oxygène 18, 2 pour mille, l’eau H2O contient les mêmes isotopes dans les mêmes proportions. En période chaude, il y a plus « d’eau 18 » qui s’évapore qu’en période froide et les glaciologues mesurent ces variations dans les glaces des régions froides). Soit en divisant 2,6 M.a. par 104 périodes, on obtient 25 000 ans pour chaque période, en réalité les différents stades n’ont pas une telle régularité mathématique mais il faut rapprocher ce chiffre de la
durée des cycles de Milankovitch. Il existe d’autres cycles qui influent sur notre planète dont certains cycles solaires d’une durée de 11 ans (la NASA, prévoit un pic d’activité en juillet 2025), de 200 ans et de 2300 ans.
La baie d’Ecalgrain présentant les témoins des deux dernières glaciations et des deux derniers interglaciaires serait un site unique au monde concernant ce sujet. Actuellement nous ne connaissons pas une période de réchauffement, mais de dérèglement climatique.
En effet, dire « LE » réchauffement climatique sans au moins ajouter « actuel », relève, au mieux, de l’ignorance de l’évolution du climat au cours du Quaternaire. Depuis quelques mois le vocabulaire est en train de changer et nous entendons parler de dérèglement climatique, cette formule est beaucoup plus claire et proche de la réalité car elle exprime le fait qu’il y a une régularité (règle) et que cette régularité est actuellement perturbée.
Mais tout cela creuse et il faut bien se sustenter ce qui arrive avec grand plaisir vers 14 heures, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Certains s’assoient originalement sur un petit muret, d’autres sur une table de pique-nique toujours avec le soleil et vue sur la mer, le pied.
Ouvrages utilisés pour préparer cette sortie :
La bibliothèque du Naturaliste. La Normandie. Delachaux et Niestlé
Guides géologiques régionaux. Normandie. Masson
La Hague dans tous ses états. OREP édition
Neandertal au Rozel. Dominique Cliquet. Association Historique de Surtainville
Guides géologiques. Manche
Idées reçues. Eric Buffetaut. Sommes-nous tous à disparaitre.
L’Homme de Neandertal (Homo neanderthalensis), ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu’à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l’Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans1, 2,3. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de
430 000 ans
Le site archéologique paléolithique moyen du Rozel, département de la Manche, (Normandie, France), livre des vestiges mobiliers (os, charbons,
silex et quartz taillés) et des structures (amas de débitage d’éclats, concentrations de restes osseux témoignant de traitement de carcasses animales, foyers) dans un état exceptionnel de conservation qui autorisent des analyses de type palethnographique.
Cependant l’originalité du site consiste en la présence et la conservation de dizaines de traces de pattes animales et surtout de plusieurs centaines d’empreintes de pas, de mains d’individus de tous âges constituant les groupes de néandertaliens qui ont fréquenté de manière récurrente le site, il y a environ 80 000 ans. Le site du Rozel compte parmi les sites majeurs du Paléolithique
moyen d’Europe de l’Ouest.
« Ils sont une dizaine répartis en 2 zone de quelques m2. Sous leurs yeux, apparaissent d’autres empreintes, ici, les coussinets d’un grand félidé, là, deux sabots de sanglier, là , encore un blaireau…Miracle de la nature, entre dépôt de sable porté par le vent et ruissellement d’eau qui abandonne des alluvions pour enfouir les trésors et organiser un coffre-fort en mille feuilles très bien conservé. Et encore des années de travail pour achever de comprendre.
Le site paléolithique du Rozel est classé monument historique.
Les vestiges extraits de ce campement néandertalien : empreinte pieds et mains, enfants et adultes, parure, notamment une patte de rapace, diverses plumes, boules d’ocre destinées à la peinture corporelle ou a servir d’antiseptique, os, silex et quartz taillés intégreront dans l’avenir un musée normand.
La DRAC organise annuellement une journée porte ouverte sur le chantier : sosneanderozel»
Après manger, on reprend les études
En route maintenant pour l’anse du Cul Rond…Des paysages à vous couper le souffle. Mais avec le bon air maritime de la Manche, ça va !
Au bord du précipice !
Paroi nord de l’anse avec légende ci-dessous :
Et voilà, attention, sur le sol de l’anse (à marée basse) on marche sur une roche bizarre, c’est une découverte fabuleuse : du gneiss oeillé roche métamorphique datant de plus de 2 milliards d’année, les plus vielles roches de France. Tous les Curieux de Nature sont impressionnés par cette découverte…
Le gneiss ([gnɛs]) est une roche métamorphique de la croûte continentale contenant du quartz, du mica, des feldspaths (albite ou orthose), tous suffisamment gros pour être identifiés à l’œil nu. La foliation, toujours présente mais parfois peu visible à l’œil nu, est marquée par l’alternance des feuillets clairs (blancs, gris, rosés) formés de quartz et de feldspaths, et de feuillets sombres constitués de minéraux ferromagnésiens (micas noirs, amphiboles…), il y a ségrégation entre une phase claire (leucocrate) et une phase sombre (mélanocrate).
Gros plan ou on voit son feuilletage clair et foncé, ferro-magnésien et feldspath avec des yeux. Yeux de feldspath rose dans l’orthogneiss œillé.
Le gneiss œillé tire son nom de la présence de gros cristaux de feldspath dont la forme en amande évoque des yeux. La forme en amande a été acquise par étirement et amincissement des extrémités des cristaux de feldspath sous l’action de la hausse de pression et de température au cours du métamorphisme.
Il y a sur ce platier deux gneiss, l’un un paragneiss (provenant de roches sédimentaires qui n’ont pas été trouvées sur le site pour le moment) et un orthogneiss (provenant de roches magmatiques ou déjà métamorphiques). Ces roches datées de 2083 M.a. sont les plus anciennes de France et correspondent à la chaîne de montagne icartienne
Les migmatites sont des roches dans lesquelles la foliation est encore observable mais très déformée, le métamorphisme a été d’une intensité telle qu’il y a eu fusion partielle.
Migmatisation
Une zone « fondue » (ayant subi une fusion partielle suivie d’une recristallisation), de couleur rose, recoupe la foliation ; elle se reconnaît à son aspect homogène lié à la disparition de la foliation et des yeux de feldspath.
Nous avons donc bien observé des éléments de trois chaînes de montagnes : 300 à 320 M.a., chaîne varisque. 750 à 540 M.a., chaîne cadomienne. 2000 M.a., chaîne icartienne.
5 heures moins le quart, dernière visite au Manoir du Tourp à Omonville la Rogue, une exposition dans notre thématique.
Cette exposition vous propose un vertigineux voyage géologique, depuis l’aube des temps de la Terre et sa naissance il y a 4.5 milliards d’années jusqu’à l’apparition de l’Homme, en cheminant le long d’une frise chronologique et illustrée format XXL. Nombre de sites de la Hague s’avèrent être des témoins exceptionnels et magnifiques des grands phénomènes telluriques comme de la dérive des continents. Des plus anciennes roches de France de l’anse du Culeron ou de Jardeheu à la formation des dunes de Biville en passant par les mers d’il y a 450 millions d’années, c’est aux confins de la Hague que se révèle la fabuleuse histoire de la Terre. Des échantillons de roches présentés à la façon de pierres précieuses illustrent ces évènements majeurs et les facétieux goubelins de la Hague s’en mêlent en éclairant de façon décalée les principaux phénomènes géologiques.
Une exposition réalisée à partir des dernières études scientifiques disponibles et présentée dans le cadre du projet de labellisation Géoparc porté par la commune de la Hague.
Un projet co-produit par le manoir du Tourp et Guillaume de Monfreid.
Avec le soutien de l’ANDRA
Un grand grand merci à Gérard, accompagné d’Anick, pour nous avoir si bien guidé et renseigné précisément sur la géologie du nord de la Manche, un souhait que tous les adhérents des Curieux de nature avaient émis depuis longtemps suite à la sortie du 18 mars 2017 dans le Calvados, études des trois synclinaux du sud de Caen.
En noir, compte-rendu de Dominique.
En bleu, précisions d’après les notes de Gabrielle.
En vert, un commentaire de Gérard.