Géologie de Sainte-Honorine-des-Pertes à Port-en-Bessin; 20-02-2016

Géologie deSainte-Honorine-des-Pertes à Port-en-Bessin
Samedi 20 février 2016

Rendez-vous donné vers 10 heures 30 sur le parking de la Tour Vauban à Port-en-Bessin- Huppain.

Présents : Muriel, Céline, Dominique D., Marlène, Sébastien, Karin, Lucien, Françoise, Bernard, Hubert, Hélène, Dominique T., Gérard, Anick, Gabrielle. Joëlle et Erwan nous rejoignent après manger à Ste Honorine des Pertes. Nous serons donc 17 en tout.

I) Port-en-Bessin
Notre animateur nous donne les premières notions de géologie en rapport avec les études prévues au programme de cette journée. Les falaises que nous observons sont constituées d’une unité lithologique assez homogène
correspondant à la
formation des Marnes de Port, calcaires ou argileuses. Une importante et explicite documentation en polycopiés nous est aussi remise, contenant les conseils de sécurité, coupes et schémas de la
falaise avec les termes techniques
  pour bien suivre la visite, termes techniques de la littérature de Gustave Flaubert qui situe un des ses romans  « Bouvard et Pécuchet » précisément à Ste Honorine des Pertes, une étude sur le bigorneau et les espèces proches et un questionnaire facultatif et éducatif …un très complet travail à l’honneur de notre guide.
Avant de descendre sur l’estran, Bernard, ornithologue,  nous signale, parmi de nombreux goélands, un plus rare, le Goéland Bourgmestre (un peu plus gros et à queue blanche) Larus hyperboreus Goéland bourgmestre :
1er hiver. Vient d’Europe du nord. Niche en falaise, cote basse, iles …Peu commun en France, on le trouve généralement dans les ports.
La formation des Marnes de Port, où l’on peut trouver des fossiles tels que des Lamellibranches ou Bivalves, rostres de Bélemnite, des ammonites…
Les bélemnites
(super-ordre Belemnoidea) sont des
céphalopodes marins ayant vécu du Dévonien au Crétacé. Leurs fossiles, le plus souvent
incomplets, ont une forme caractéristique « en balle de fusil ».

Sous les Marnes de Port, on distingue trois couches de calcaires marneux : « Les couches de passage » dont la surface est perforée de nombreux terriers d’Annélides.

Puis la salinité est mesurée avec un salinomètre, d’abord l’eau de mer (35/1000e), suivi par une résurgence de l’Aure, coulant
abondamment sur les galets (5/1000e).
Avant de se rendre en covoiturage à Ste-Honorine, le casse-croute, en raison du mauvais temps est avalé devant une consommation dans le Café Tabac PMU, Loto « Le café du Port ».
II) Sainte-Honorine-des-Pertes
La commune est dotée dès le 16ème siècle d’un port naturel au lieu-dit « les bateaux ». Jusqu’à la fin du 17ème un grand nombre de matelots pratiquait le cabotage vers la Haute Normandie, le Cotentin, et pêchait le hareng et le maquereau. Au cours des siècles des blocs de pierre se sont détachés des falaises en mouvement. Fouettés par les marées, ils ont permis aux
excellentes moules « les belles blondes » d’y élire domicile. Les ramasseuses de moules allaient les vendre sur le marché de Trévières dès le 16ème siècle. Les falaises : Elles sont un lieu de référence mondial pour l’étage du Bajocien (entre 170 et 168 millions d’années Before Present).
La falaise est formée de couches ou states empilées. Une grande faille normale (la faille des Hachettes) est observable en plusieurs endroits. Le compartiment sud s’est abaissé par rapport au compartiment nord, ceci se déduit facilement de l’observation du Crochon de faille. Malière (Calcaire grisâtre renfermant des bancs de silex), couche verte, Conglomérat de Bayeux, couche à oolithes ferrugineuses et Calcaire à spongiaires constituent le stratotype du Bajocien, surmonté par les couches de passage, les Marnes de Port et les Calcaires de St-Pierre- du- Mont au sommet des falaises (appartenant au
Bathonien)
Le calcaire peut être d’origine biologique ou chimique.
L’accumulation des sédiments est permise par la subsidence (Affaissement du fond du bassin sédimentaire).
Rostre de Bélemnite
Empreinte d’ammonite.
Gérard casse un petit bout de roche pour tester à l’acide la composition calcaire où pas. La plupart des roches testées sont calcaires à l’exception des silex.
Une ponte de calamar. Nous avons rencontré essentiellement des littorines (littorina saxatilis et
littorina littorea), des Patelles, Balanes, Troques (cendrées), nombreuses moules, les algues, de différents fucus, et des lichens…
Malgré le vent de force 6 à 7 Beaufort qui arrachait les pages des mains du maître, c’est à cet emplacement des falaises des
Hachettes que l’on peut observer le stratotype du Bajocien tel qu’il a été défini en 1852 par Alcide d’Orbigny, du bas vers le
haut : Malière, couche verte, Conglomérat de Bayeux, couche à stromatolithes et oolithes ferrugineuses et Calcaire à spongiaires.
La faille des Hachettes a provoqué l’abaissement du compartiment central (sur la photo)
Nombreux sont les fossiles d’éponge comme ci-dessus taille dans les 20 cm de diamètre. On trouve aussi de nombreux fossiles de coquille St Jacques.
Les stries à la surface de ce calcaire sont appelés Lapiaz. Le lapiaz (aussi appelé lapié ou lapiez ou lapiès ou Karren, mot d’origine jurassienne), est une formation géologique de surface dans les roches calcaires et dolomitiques, créée par le ruissellement des eaux de pluie qui dissolvent la roche ou par la cryoclastie, ce qui forme un grand entablement rocheux
parcouru de réseaux de diaclases ou fissures.

Visible actuellement avec cet éboulis une roche en formation : le Travertin (fossilisation de la mousse par ruissellement des eaux calcaires- voir explication plus précise sur la documentation remise)

Marlène a attrapé un canard col vert qui se laisse facilement caresser.
Obus pris dans un conglomérat de béton qui semble encore complet, donc dangereux, à signaler au service déminage, les coordonnées GPS ont été relevées.
Dernière nouvelle :
le service de déminage de Cherbourg a fait sauter l’engin, merci Gabrielle et Hubert + Lucien + Céline, pour tout le dérangement.
24/02/2016
Epilogue de notre découverte de samedi. Nous avons retrouvé cet après-midi à Port-en-B quatre démineurs-plongeurs de Cherbourg (en tenue terrestre).Deux gendarmes sont venus en plus, un pour empêcher l’accès à la plage côté W, l’autre pour surveiller le camion d’explosifs sur le quai (ce serait bête de s’en faire piquer …) Grâce à la photo de Céline, nous avons pu retrouver la bestiole assez rapidement. Il s’agirait d’un « huit-huit » allemand. Il paraît qu’il est fréquent qu’en rouillant, les obus fixent une sorte de gangue qui grossit au fil des ans. Pendant que les gars déroulaient leur mèche, nous avons été escortés jusqu’à la jetée par l’infirmier qui bloquait la plage côté Port, faisait évacuer les trois personnes présentes et  donnait le feu vert pour l’explosion. Compte  à rebours de 5 secondes, boum! Vérification, il fallait recommencer. Au deuxième coup, ça a marché, cet engin ne nuira plus. Les PD de Cherbourg interviennent sur la côte du Mont St Michel à la frontière belge, pour la mer et l’estran. Ils neutralisent 40 tonnes d’engins explosifs par an et ça n’arrête jamais!!C’était une expérience intéressante, même si mes travaux de peinture n’ont guère avancé. Encore merci pour les photos. Gabrielle.
Mac Do le double cheese bacon

Vers la fin de la balade vivifiante, Muriel ayant une petite faim, a testé pour les Curieux un hamburger de l’ère secondaire et un poisson du futur en élastomère du 21ème siècle, quand les mers seront vides !

Anciennes traces des banneaux servant au ramassage du varech au siècle dernier.
Après avoir rejoint Port en Bessin et découvert toutes ces merveilles, les Curieux regroupent les voitures et prennent une dernière consommation bien méritée au Café du Port.
Au retour Gérard tient à nous faire voir une des pertes de l’Aure à la fosse Soucy, dont le niveau est particulièrement haut par ces temps pluvieux.
Encore merci à notre animateur guide pour tout son travail de préparation et ses bonnes explications in situ.
Localisation des pertes de Fosse Soucy, dans l’arrière pays de Huppain.
Située aussi sur la commune de Maisons, à 500 m à l’ouest de la perte Tourneresses, elle se trouve en contrebas du carrefour de la route départementale D123 avec la route D100, au Sud de la butte orientée est-ouest culminant à 63 m. Elle est facilement accessible et le Comité Régional de Spéléologie de Normandie y a installé un panneau d’information sur le karst et le cours souterrain de l’Aure.
Après quelques bons km caillouteux et venteux la troupe arrive assez fraiche à bon port.
Retour en haut