Les galles et Inventaire de coccinelles, 13 octobre 2024

Au Jardin du Désert

Le dimanche 13 Octobre 2024 au Tronquay (14)

Le matin : découverte des Galles L’après-midi: inventaire de Coccinelles chez Annick Cheval

RV à 10h au lieu-dit La Tuilerie, route de la Briqueterie, sur la commune de Le Tronquay, près de Vaubadon dans le Calvados.

Pique-nique tiré des voitures

Animation : Patrice, Loïc

Les entomologistes des Guêpes à galles et des Coccinelles présentes et présents :

Hélène, Gabrielle, Dominique D, Claire, Loïc, Célian, Muriel, Françoise, Laurence, François, Véronique, Maurice, Barnabé, Eric, Catherine, Sébastien, Patrice.

Une galle (du latin galla issu de l’indo-européen *gel, « rond »), appelée scientifiquement cécidie (mot tiré du grec κηκίδιον / kêkídion, « noix de galle ») est une excroissance tumorale structurée produite sur les tiges, feuilles, racines ou fruits de certains végétaux. Elle se développe autour de commensaux ou de parasites ; ces agents peuvent être des animaux (arthropodes ou vers nématodes), des micro-organismes (champignons ou bactéries), ou plus rarement d’autres plantes.

Source Wikipédia

Dimanche matin

Comme prévu, les Curieux et Curieuses se rendent au lieu de rendez-vous route de la Tuilerie et ils sont accueillis et guidés au bord d’un petit chemin dans la propriété boisée d’Annick en compagnie de Laurence. Après les présentations et salutations à l’entrée de ce petit chemin Patrice nous expose son étude attentive sur les galles.

Guide conseillé: Guide des galles de France et d’Europe Broché – 12 mars 2021

de Patrick Dauphin.

Patrice nous informe que les galles sont parasites des plantes et des arbres. L’automne n’est pas la meilleure saison pour les voir. En fait ces galles sont des protections pour les larves et aussi leurs garde-mangers. On les appelle aussi des parasitoïdes. Leurs reproductions sont souvent complexes en mutant sous des formes différentes (plusieurs générations).

Les galles lentilles du chêne : A l’intérieur des lentilles, des larves, vers blancs sans pattes, développement 6 mois. Les larves tombent au sol en octobre et se nymphosent en femelles, lesquelles se reproduisent par parthénogénèse. Ces nouvelles générations asexuées s’envolent et vont pondre en mars sur de jeunes feuilles du chêne. Les œufs engendrent des nouvelles galles en forme de grappes de boules rouges. A terme, en juin les boules tombent au sol et il naîtra alors des mâles et des femelles qui vont s’accoupler, pondre et redonner des galles lentilles.

Quelques exemples nous sont exposés : Andricus testaceipes famille des cynipidae, galle du chêne.

Diastrophus rubi, galle de la ronce, Diplolepis rosae, galle de l’églantier oubédégar,

Liposthenes glechomae,galle du lierre terrestre…

En photo :

 Neuroterus quercusbaccarum (Linnaeus, 1758)
 Neuroterus numismalis (Geoffroy in Fourcroy, 1785)
Hartigiola annulipes (Hartig, 1839)
Dasineura urticae (Perris, 1840)

Et nous partons bientôt à la « chasse aux galles », qui, à notre étonnement sont nombreuses et assez faciles à repérer. Nicholas le petit fils d’Annick nous a rejoint.

Le guide des galles nous est utile pour la détermination ou la vérification, en plus de la connaissance de notre ami Patrice, ci-dessous une galle sur une feuille de hêtre :
Puis nous quittons le chemin pour un petit sentier à peine ouvert dans ce magnifique bois privé, riche d’une variété d’essence d’arbres et arbustes incroyable, chêne, orme, hêtre, houx, érable, noisetier, bouleau, châtaignier, saule, églantier, peuplier tremble…
…Sentier qui nous conduit à de nombreuses et charmantes mares, certaines étonnantes par leurs superficies. Ce sont les traces des extractions de l’argile servant à la fabrication de poteries (Voir visite légale ! en fin de compte-rendu). Ces étendues d’eau sont propices à la vie des animaux, sans égal ! et en particulier celle des insectes aquatiques et des amphibiens.
Les arbres se reflètent dans l’eau et la lumière du début d’automne perce à travers la végétation. Un enchantement ! On se croirait au Pays de Galles !

Rencontre curieuse : Une jolie larve, prise d’abord pour une chenille, est en fait une larve d’hyménoptère : la Tenthrède du chèvrefeuille · Abia fasciata (Linnaeus, 1758)

Abia fasciata
 Sur la main de Muriel une très jolie galle du chêne (Cynips longiventris)
Sur une feuille de saule : Pontania sp
Sur rosier : Diplolepis rosae (Linnaeus, 1758)

La galle de l’églantier : La profusion de matière
végétale pose question : la larve de cette galle ordonnerait-elle à
l’églantier de pousser en une sorte de touffe hirsute. Une conclusion
s’imposerait :  l’architecte, serait
l’insecte et le batisseur la plante !

En fin de matinée, petit regroupement vers midi et quart pour une petite causerie bien sympathique et une récapitulation de nos trouvailles : Coccinelle à 7 points, Grillon des bois, Tircis, Paon du jour, Piéride du chou, Coreus marginatus (punaise),Eristalis nemorum (syrphe), Orthosia cerasi (Noctuelle), etc. mais peu d’araignées, pas de mygale, pas de cigale non plus !

Liste des galles par l’ami Patrice :

Un récapitulatif des galles du jour que j’ai vues passer (je n’espère ne pas en avoir oublié!)

Sur chêne (cynipidae)

Neuroterus anthracinus (Curtis, 1838)

Neuroterus quercusbaccarum (Linnaeus, 1758) Neuroterus numismalis (Geoffroy in Fourcroy, 1785)

Sur noisetier (acarien)

Phytoptus avellanae (Nalepa, 1889)

Sur ronce (diptère)

Lasioptera rubi (Schrunck, 1803)

Sur Peuplier tremble (diptère)

Harmandia globuli (Rübsaamen, 1889)

Sur saule (hyménoptère tenthrède)

On en reste au genre, au moins deux espèces du genre Pontania sp (une espèce galle glabre et une avec galle poilue)

Sur églantier (cynipidae)

Diplolepis rosae (Linnaeus, 1758)

Sur ortie(diptère)

Dasineura urticae (Perris, 1840)

Sur hêtre (diptère)

Hartigiola annulipes (Hartig, 1839)

Sur érable sycomore (acarien)

Une espèce du genre Aceria

Un petit mot de Patrice en complément vendredi 18

Pour les galles, en résumé, il y a de quoi s’amuser 🙂

Dimanche je vous ai parlé d’une galle du lierre terrestre assez caractéristique (petite boule ronde et poilue : Liposthenes glechomae). La plante est assez facile à reconnaître, ce qui rend la recherche de la galle/bête très simple.

 Liposthenes glechomae

J’aurai pu vous parler d’une seconde galle du lierre terrestre correspondant à un diptère : Rondaniola bursaria (galle sous la forme d’un « cornicule » (!) qui se détache pour laisser un petit trou circulaire caractéristique dans la feuille ; la métamorphose a lieu dans le sol)
Comme je viens de la voir et de la photographier au pied de ma boîte aux lettres ( en PJ) je peux maintenant vous dire qu’elle existe dans nos contrées!
Quand vous verrez du lierre terrestre vous pourrez vous amuser à chercher ses deux(!) galles!

 Rondaniola bursaria

Et pour finir : en évoquant une jolie galle rouge sur les jeunes plants de chêne Andricus testaceipes, j’avais mentionné un vieil article narrant l’invasion de la bête (en PJ) : je vous laisse découvrir le grand écart des points de vues qu’il peut il y avoir entre mon émerveillement à la découverte de la bête et cet article (il faut aller jusqu’à la fin de l’article)

Observation BE Andricus testaceipes

Il est plus que midi et nous avons la fringale !

La pause du midi

Après le regroupement aux voitures nous suivons Annick chez elle à sa fabrique de poterie Au Grès Normand (activité jusqu’en 2017) devenue maintenant Au Jardin du Désert, Sol Vivant, vente directe de fruits et légumes, commune du Tronquay, La Tuilerie.

Photo: Françoise

Non sans avoir fait une courte visite à l’exposition des superbes poteries aux éblouissantes couleurs.

La bonne organisation de notre association et la gentillesse de notre hôte, Annick, nous permet de casser la croûte à une heure très convenable confortablement dans la grande salle des fours à poteries avec comme à l’habitude le partage des desserts, des boissons et la convivialité familière de notre association. Un vrai régal !

Après-midi

Il est décidé de faire 2 groupes, un, à la visite du jardin potager sous la houlette d’Annick et un autre au battage tout autour du jardin, le long des haies (rien, d’illégal !)

Les données concernant les coccinelles seront faites pour enrichir l’atlas des coccinelles en préparation au Gretia.

Auparavant, Annick nous montre une culture particulière et rare, un arbuste poivrier qui pousse en Normandie : « Le poivre rouge de Sichuan, également appelé poivre du Sichuan, est originaire de la région de Sichuan en Chine, non loin du Tibet. Il est issu d’un arbuste appelé « Zanthoxylum piperitum » qui produit des baies rougeâtres au goût unique, à la fois piquant et citronné. » Source David Vanille

C’est effectivement très très très piquant les goûteurs en font l’expérience !!

Puis Loïc nous présente un très bon ouvrage sur les carabes, complet et pratique, avec à la fois les clés de détermination, les descriptions, les dessins, les génitalia et les photos couleur: Beetles of Btitain and Ireland Volume 3 Geotrupidae to Scrapitiidae By Andrew G Duff 670 pages, 79 plates with 473 color photos Publisher : A.G. Duff Publishing

Dans cet ouvrage : toutes les coccinelles y sont.

Visite du jardin potager en photo :

Photo Françoise

Battage pour coccinelles :

Chapeau et merci à Véronique qui nous a apporté des nappes de battages bricolées d’une façon ingénieuse. Il s’agit de taies d’oreiller blanches découpées de l’intérieur sauf les quatre coins et tendues par deux bambous d’environ 90 cm reliant les diagonales du carré de l’oreiller. Le montage et le démontage rapide sont rapides et l’ensemble ne tient presque pas de place.

Photo Claire

Guide Atlas toujours conseillé : Les Coccinelles des Côtes d’Armor, Réseau des Naturalistes Costarmoricains, VivArmor Nature.

 Photo Claire

L’équipe de batteurs très motivés se met au travail et pense qu’au mois d’octobre la chasse devrait être frugale ! Mais à la surprise générale les nappes ne restent pas vides, loin de là, c’est :

Coccinelle rose :  Oenopia conglobata
Chilocorus bipustulatus, la coccinelle des landes, dénichée par Maurice.
Rhyzobius lophanthae, communément appelé coccinelle mangeuse d’écaillesTaille : 2-3 mm
La coccinelle à vingt-deux points (Psyllobora vigintiduopunctata) appelée aussi coccinelle Marsupilami.

Voir liste complète ci-dessous par Loïc qui ajoute : Après vérif. sous la bino., nous n’avons pas eu 2 mais bien trois espèces de Rhyzobius, ce qui porte à 8 le nombre d’espèces de coccinelles observées aujourd’hui chez Annick. La maille passe ainsi de 9 à 15 espèces de cocci. ! C’est bon pour l’atlas en préparation …

Photo Françoise

Les enfants seront aussi gâtés par la maitresse de maison : ils feront des tours de petite voiturette.

En complément : Quelques chenilles observées

Chenille de Lasiocampa quercus (Lasiocampidae) le Bombyx du Chêne
Chenille de Lasiocampidae : Macrothylacia rubi L. Le Bombyx de la Ronce
Chenille de Geometridae Cyclophora linearia Hb. L’Ephyre trilignée

Les données de notre ami Loïc :

Arachnida
Araneae
Anyphaenidae
Anyphaena accentuata (Walckenaer, 1802)
Araneidae
Araneus diadematus Clerck, 1758
Argiope bruennichi (Scopoli, 1772)
Salticidae
Ballus chalybeius (Walckenaer, 1802)
Thomisidae
Diaea dorsata (Fabricius, 1777)
Opiliones
Phalangiidae
Dicranopalpus ramosus (Simon, 1909)
Insecta
Coleoptera
Carabidae
Nebria brevicollis (Fabricius, 1792)
Pterostichus madidus (Fabricius, 1775)
Chrysomelidae
Chrysomela populi Linnaeus, 1758
Coccinellidae
Chilocorus bipustulatus (Linnaeus, 1758)
Chilocorus renipustulatus (Scriba, 1791)
Coccinella septempunctata Linnaeus, 1758
Oenopia conglobata (Linnaeus, 1758)
Psyllobora vigintiduopunctata (Linnaeus, 1758)
Rhyzobius chrysomeloides (Herbst, 1792)
Rhyzobius litura (Fabricius, 1787)
Rhyzobius lophanthae (Blaisdell, 1892)
Dytiscidae
Agabus bipustulatus (Linnaeus, 1767)
Agabus nebulosus (Forster, 1771)
Dytiscus marginalis Linnaeus, 1758
Dermaptera
Forficulidae
Forficula auricularia Linnaeus, 1758
Hemiptera
Cicadellidae
Ledra aurita (Linnaeus, 1758)
Coreidae
Coreus marginatus (Linnaeus, 1758)
Miridae
Pantilius tunicatus (Fabricius, 1781)
Pentatomidae
Aelia acuminata (Linnaeus, 1758)
Palomena prasina (Linnaeus, 1761)
Peribalus strictus vernalis (Wolff, 1804)
Rhaphigaster nebulosa (Poda, 1761)
Hymenoptera
Vespidae
Vespa crabro Linnaeus, 1758
Lepidoptera
Nymphalidae
Aglais io (Linnaeus, 1758)
Pararge aegeria (Linnaeus, 1758)
Pieridae
Pieris brassicae (Linnaeus, 1758)
Orthoptera
Tettigoniidae
Pholidoptera griseoaptera (De Geer, 1773)
Trigonidiidae
Nemobius sylvestris (Bosc, 1792)
Malacostraca
Isopoda
Porcellionidae
Porcellio scaber Latreille, 1804

Visite de la fabrique de poteries en images :

Un grand remerciement à Annick pour cette visite très instructive.

Ci-dessus : La pièce où on déposait l’argile extraite des carrières à ciel ouvert assez proches pour éviter le difficile transport à la brouette (voir mares visitées ce matin). Au fond le fouloir (avec les bottes !), sur la gauche la machine à compacter l’argile. Le matériau était foulé au pied.
Un des derniers stocks de boudins d’argiles tels qu’ils sortaient de la machine.

 Photos Claire

La salle de façonnage des pièces en argile avec le tour électrique. Les garçons profitent de la visite pour faire tourner la machine !

Ci-dessus : De bien beaux exemples de poterie avant cuisson sortis directement du tour.

Un des deux énormes fours de cuisson : Ces fours étaient chauffés autrefois au bois puis ils ont été modernisés pour utiliser le fuel (1972). Caractéristiques : fours à « flamme renversée ». La flamme entre à l’intérieur, tape au sommet, et doit redescendre pour s’échapper par le bas. La fumée des deux fours s’évacuait en sous-sol (tunnel) par une seule cheminée.

Les fours pouvaient atteindre 1200 degrés. La cuisson des poteries au sel exigeait 800 degrés (voir explication ci-dessous).

 L’intérieur d’un four d’une épaisseur de 4 briques (briques du Tronquay) pour le maintien d’un maximum de chaleur.

Extrait de documentation Poterie – Grès au sel – Artisanat normand, communiqué gracieusement par Annick

L’établissement des potiers en Bessin remonte à la plus haute antiquité (7000 av. J.C.). Les potiers furent appelés ramaciers – mot d’origine gauloise désignant les riverains des bois – leur activité nécessitant beaucoup de combustible qu’ils trouvaient dans la forêt.

Dès la fin du XIIe siècle, le banc d’argile, situé dans le sous-sol de la forêt du Tronquay, est utilisé pour le travail de la poterie. Au Tronquay les taillis appelés « Les Fosses » sont d’anciennes carrières d’argile.

L’implantation de l’industrie potière au Tronquay serait due au Marquis de Balleroy. Il aurait installé vers 1750, une tuilerie pour remédier au déclin de ses forges.

La briqueterie-tuilerie s’arrête à la fin de la Grande Guerre, seule la poterie survit.

Les Grès Normands sont très appréciés dès le XVIIe. La fabrique de pots à beurre, s’inscrivait dans l’économie agricole du Bessin qui reposait sur l’élevage bovin et le beurre salé.

Les Grès Normands sont très appréciés depuis le XVIIIème siècle. On venait des grandes régions voisines s’approvisionner en Grès de Normandie : leur usage était domestique pour la conservation des aliments.

Le Grès Normand est un grès au sel : en fin de cuisson le potier jette dans le four une certaine quantité de sel marin. Les vapeurs de sodium, au contact de la silice contenue dans l’argile, provoque une fine couche de silicate de sodium sur les poteries (comparable à une couche de verre) et leur donnent un aspect plus ou moins brillant suivant l’emplacement de la pièce dans le four.

Conclusion

La journée bien chargée, exceptionnelle et qui nous laissera plein de souvenirs s’achève vers 17 h. 30. Elle fut un grand succès grâce à la bonne organisation et aux compétences de Patrice et Loïc que nous remercions chaleureusement sans oublier encore une fois Annick qui, particulièrement accueillante, a bien voulu nous recevoir si gentiment.
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