Com'Nat : "le marais Vernier", Mai 2018

Du Samedi 19 au lundi 21 Mai 2018

Com’Nat dans le Marais Vernier, organisée conjointement avec l’Association « Les coprins d’abord »

Camping Risle Seine, 19, route des Etangs à Pont-Audemer (27467)

Organisatrice : Gabrielle, Animateur, Samedi 19, Thierry LECOMTE

Le Marais-Vernier est une région naturelle du département de l’Eure en région Normandie. Issue d’un ancien méandre de la Seine, cette région constitue une dépression semi-circulaire de 4 500 hectares qui regroupe prairies humides, marais, roselières, canaux, mares, étangs, tourbières, courtils et bocages.
Cette mosaïque de paysages dans un seul et unique ensemble représente une entité écologique exceptionnelle dans les plaines du Nord-Ouest de l’Europe.
Le Marais-Vernier est riche d’un patrimoine naturel remarquable avec sa flore (arbres têtards, haies de houx, espèces turficoles, etc.), sa faune composée de nombreuses espèces protégées (cigognes, faucons, busards, chouettes, etc.) et son réseau hydraulique (canaux, étangs, mares, etc.). De plus, il abrite une tourbière d’une superficie de près de 1 800 hectares, qui constitue, en cubage de tourbe, la plus grande tourbière de France
À partir des années 1970 et au cours des décennies qui suivent, de nombreuses démarches en faveur de la conservation du Marais-Vernier sont menées : création de réserves naturelles nationales, intégration au parc naturel régional des Boucles de la Seine normande, classement en zone Natura 2000, etc. Concrétisation de cet objectif de sauvegarde : le Marais-Vernier a été désigné, le 18 décembre 2015, avec la vallée de la Risle maritime, zone humide d’importance internationale au titre de la Convention de Ramsar. Département : Eure. Ville principale Quillebeuf-sur-Seine.

Réserve naturelle volontaire des Courtils (=jardins) de Bouquelon (=bois des hêtres)

Le terme « courtil » a trait au fait qu’une partie de ces bandes de terres tourbeuses, bordées par de petits fossés dirigeant les eaux des sources vers des fossés principaux du cœur du marais, était dévolue à la culture maraîchère de subsistance avec des variétés de fruits et légumes comme le melon sucrin de Honfleur ou le Coco du Marais (type de haricot). La tourbe issue des fossés servait à relever le niveau des terres destinées à produire ces cultures. La majeure partie des parcelles continuait également à servir de pâturage ou était fauchée pour le foin ou les litières.

Présents :
De notre belle association : 11 Curieux, Gabrielle, Muriel, Françoise G, Dominique D, Pascal, Anne-Marie, Agnès, Rémy, Bernard, Marie-Jo, Françoise D. et de nombreux et sympathiques Coprins d’Abord tel Henri, Caroline, Patrick, Samy…

Samedi 19 mai

Une bonne majorité des « CurieuxdeNature » installent facilement leur tente au Camping Risle-Seine vers midi après les retrouvailles chaleureuses habituelles, tandis que 3 irréductibles « gaulois » prennent possession d’un petit gite de location plus confortable.

Peu après, un casse-croute collectif restaurateur avec nos amis « Coprins d’Abord » est organisé, ce qui permet à tous de se rendre rapidement au rendez-vous prévu, 870 chemin des Courtils à Bouquelon pour rencontrer Thierry notre guide.

Présentation du programme par Thierry Lecomte, Docteur en écologie, Conservateur de la réserve naturelle des Courtils de Bouquelon.

Suit une petite ascension sur le coteau bordant les 4500 ha de ce marais exceptionnel, le point de vue depuis cette hauteur engage notre aimable et très compétent guide Thierry à nous délivrer toutes les informations géologiques et historiques nécessaires avant la découverte du marais à pied.

Ainsi le marais est un ancien méandre de la Seine et s’est formé principalement il y a 45000 ans. Il devient une vasière isolée par un cordon littoral. Cet isolement favorise les dépôts de tourbe qui atteindront jusqu’à 8/9 m de haut.

Vers 1600 une politique d’assainissement des marais se met en place en France. Elle modifie la géographie naturelle : construction d’une digue contre les inondations de la Seine, drainage au moyen de fossés et de canaux. Mais ledéfaut d’entretien conduit à des dysfonctionnements du système hydraulique.
Après les deux guerres du 20^ème siècle, une révolution agraire pour production de céréales forcée par défrichage et apport d’engrais se solde par un nouvel échec. Actuellement le marais est entretenu par pâturage et herbage : des vaches Highlands et des chevaux de Camargue paissent dans ces prairies à molinies, au milieu des étangs, des fossés, à l’ombre des saules, des aulnes et des bouleaux.

Vache Highland, et cheval de Camargue

Bordés par un important parterre d’iris jaunes les « explorateurs » s’engagent dans ce marais qui semble praticable en botte. Par la suite il s’avérera que la première impression n’était pas la bonne car les enlisements et pataugeages seront fréquents et impressionnants à tous les passages des anciens canaux et fossés, le niveau hydraulique en cette saison et particulièrement cette année étant particulièrement élevé.

Observations botaniques : Iris des marais (Iris pseudacorus), Reine des prés (Filipendula ulmaria), Carex (Carex SP), Nénuphar blanc (Nymphea candida), Hydrocotyle vulgaire (Hydrocotyle vulgaris), Utriculaire commune – plante carnivore aquatique – (Utricularia vulgaris), Potentille dréssée (Potentilla erecta), Grande Douve (Ranunculus lingua), Petite Douve (Ranunculus flammula), Bouleau pubescent Betula pubescens ( Betula pubescens), Bouleau verruqueux Le bouleau verruqueux ou bouleau blanc (Betula pendula), Lichnis fleur de Coucou (Lychnis flos-cuculi), Potamot SP (Potamogeton) Fougère des marais (Thelypteris palustris), Peuplier (Populus SP), Chêne (Quercus SP), Menthes, (Mentha SP), Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), Coprin chevelu (Coprinus comatus),

Mare à nénuphars blancs

Observations faunistiques : Grenouille agile (Rana dalmatina), Sangsue médicinale (Hirudo medicinalis),

Oiseaux : Cigogne blanche, Moineau domestique, Fauvette grisette, Martinet noir, Buse variable,

Insectes : Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), Agrion élégant (Ischnura elegans), Sympétrum rouge sang (Sympetrum sanguineum), Libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata), Nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula), Libellule déprimée (Libellula
depressa), Graphosome d’Italie (Graphosoma lineatum), Clyte bélier (Clytus arietis), Cidarie verdâtre (Colostygia pectinataria) Coccinelle de la bryone (Henosepilachna argus), Chrysomèle de l’aulne (Agelastica alni) , Microlépidoptères (Anthophila fabriciana), (Glyphipterix thrasonella) – larves dans les tiges de joncs – Hydrocampe du Potamogéton (Nymphula nymphaeata) , Carabe granuleux (Carabus granulatus),

Nymphula nymphaeata

Après un bel après-midi de crapahutage, les prospecteurs se sont enrichis de données particulièrement intéressantes dans ce milieu humide et tourbeux. La visite se termine vers 18 h30 / 19 heures et notre guide Thierry peut être bien remercié de son excellente prestation.

Un des passages du « parcours du combattant » L’ensemble des participants en garderont un souvenir inoubliable.

Malgré la « bonne fatigue » et après une petite toilette indispensable, le soir « auberge espagnole » pour les deux associations réunies, avec plein de bonnes choses reconstituantes.

Pour notre association des Curieux, Pascal, grand pêcheur (devant l’éternel !) a apporté quelques bons homards frais et de fines asperges vertes (cuites croquantes), un régal en simple Pic-Nic ! Une excellente Teurgoule maison (Agnès et Rémy), entre autres mets raffinés, finit ce repas trois étoiles. Bien sûr le tout arrosé comme il se doit de bons vins et autres « douceurs du gosier », la concurrence entre les deux associations sévissant particulièrement ce soir pour fêter la chouette prospection de cet après-midi!

Avant d’aller dormir, nos amis musiciens Bernard et Françoise D. ont poussé leurs sérénades, accompagnant agréablement les cafés, tisanes et « bains de bouche améliorés »

Dimanche 20 mai

Le matin

Matinée plus reposante que la journée d’hier, en effet, il est décidé de faire la prospection des étangs jouxtant le camping au rythme « Curieux de Nature » soit 0,5 km/h environ, parfois moins et même négatif !

« Pêche » aux amphibiens.

Données relevées :

Insectes :

Cercope rouge sang (Cercopis vulnerata), Microlépidoptères (Anthophila fabriciana) , (Alabonia geoffrella), Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), Argus bleu ( Polyommatus icarus), Libellule déprimée (Libellula depressa), Agrion élégant (Ischnura elegans), Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), Agrion porte–coupe (Enallagma cyathigerum), Frelon européen (vespa crabro), Piéride du navet (Pieris napi), Cétoine dorée (Cetonia aurata), Dytique noir (Colymbetes fuscus)

Amphibien : Triton crêté (Triturus cristatus),

Alabonia geoffrella, trop beau pour être vrai, non ?

Oiseaux :

Pouillot véloce, Pic épeiche, Tourterelle des bois, Canard col vert, Bernache du Canada, Canard Carolin, Grand Cormoran, Bergeronnette grise, Poule d’eau, Foulque macroule, Grèbe huppé, Cygne tuberculé, Chevalier guignette, Phragmite des joncs, Fauvette grisette, des jardins, Mésange longue queue, Grèbe castagneux,

Le midi

De nouveau voici les adhérents des associations réunis « pour le meilleur » c.à.d. un bon casse croute type « Auberge espagnole »

L’après midi Sentier de la Risle maritime à Saint Sulpice de Grimbouville boucle de 12 km balisée, 3 h à pied (ou plus parfois si on s’égare !)

Les maisons ici sont toutes recouvertes de chaume et les Curieux remarquent qu’une multitude de petites abeilles profitent de nicher en rive de toit à la coupe du chaume, comme un hôtel à insectes.

Le départ

Données naturalistes : Microlépidoptères (Anthophila fabriciana), Micropterix calthella, Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo),
Aurore (Anthocharis cardamines), Punaise (Coreus marginatus) ,Cercope rouge sang (Cercopis vulnerata), Vulcain (Vanessa atalanta), Libellule déprimée (Libellula depressa), Piéride du navet (Pieris napi), Tircis (Pararge aegeria), L’écaille martre ( Arctia caja) – chenille – , Libellule fauve (Libellula fulva), Anax empereur (Anax imperator), Machaon (Papilio machaon), Sympétrum rouge sang (Sympetrum sanguineum), Mégère (Lasiommata megera), Azuré des nerpruns (Celastrina argiolus),

Micropterix calthella sur boutons d’or, mais faut pas être bigleux !

Oiseaux : Rougequeue noir, Sitelle torchepot, Bouscarle de Cetti, Roitelet triple–bandeau, Fauvette des jardins, Cigogne blanche,
Phragmite des joncs, Rousserolle effarvatte, Buse variable, Pouillot véloce, Grive musicienne, merle, corneille, pinson, rouge gorge, grimpereau des jardins, fauvette à tête noire, Héron garde bœufs, Loriot d’Europe (Oriolus oriolus) , Coucou, (Nid de) Mésange charbonnière

Pause à l’ombre, bien méritée, après un long parcours au soleil.

Nid de Mésange charbonnière dans un tronc de frêne.
Faudrait inventer l’appareil de photo à prendre dans un p’tit trou noir, y a bien le fusil à tirer dans les coins.

Le soir

Après un nouveau et super repas, chasse aux papillons de nuit au camping.

Liste des hétérocères de Toutainville
(Camping Risle Seine) :

Geometridae

Idaea biselata (Hufnagel, 1767)

Opisthograptis luteolata (Linnaeus, 1758)

Epirrhoe alternata (Müller, 1764)

Colostygia pectinataria (Knoch, 1781)

Chloroclysta truncata (Hufnagel, 1767)

Hypomecis punctinalis (Scopoli, 1763)

Idaea degeneraria (Hübner, [1799])

Hepialidae

Korscheltellus lupulinus (Linnaeus, 1758)

Noctuidae

Rivula sericealis (Linnaeus, 1758

Autographa gamma (Linnaeus, 1758)

Craniophora ligustri (Denis &
Schiffermüller, 1775)

Charanyca trigrammica (Hufnagel, 1766)

Oligia versicolor (Borkhausen, 1792)

Diachrysia chrysitis (Linnaeus, 1758)

Agrotis exclamationis (Linnaeus, 1758)

Sphingidae

Mimas tiliae (Linnaeus, 1758)

Erebidae (ex Arctidae)

Epicallia (Arctia) villica (Linnaeus,
1758)

Spilosoma lubricipeda (Linnaeus, 1758)

Spilosoma luteum (Hufnagel, 1766)

Calliteara pudibunda (Linnaeus, 1758)

Drepanidae

Drepana falcataria (Linnaeus, 1758)

Notodontidae

Peridea anceps (Goeze, 1781)

Saturniidae

Saturnia pyri (Denis & Schiffermüller, 1775)

Nolidae

Earias clorana (Linnaeus, 1761)

Tortricidae

Notocelia trimaculana. (Haworth, 1811)

Celypha lacunana. ([Denis & Schiffermüller], 1775)

Exceptionnel :
Grand paon de nuit (Saturnia pyri), nourriture de la chenille : Arbres fruitiers et autres feuillus.

Lundi 21 mai

Toutes les bonnes choses ont une fin, il faut rendre les emplacements de camping en fin de matinée.

Selon la notice d’emploi les tentes modernes se replient en 2 minutes, tu parles Charles comme on dit !

Pause déjeuner, dernier repas collectif hélas.

Puis direction Sainte Opportune de la Mare Chemin de l’allée des granges.

Prospection à la Grand’mare, réserve de chasse et de faune sauvage au cœur du Marais Vernier

Données naturalistes

Insectes : Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), Libellule fauve (Libellula fulva), Agrion élégant (Ischnura elegans), Nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula), Piéride du chou (Pieris brassicae), Grillon champêtre (Gryllus campestris), Coccinelle à 16 points (Tytthaspis sedecimpunctata), Casside verte (Cassida viridis), Libellule déprimée (Libellula depressa), Piéride du navet (Pieris napi), Microlépidoptère (Cochylis nana) Leste barbare (Lestes barbarus)

Leste barbare

Oiseaux : Oies cendrées, Bergeronnette grise, Buse variable, Coucou gris,

Orchidées : Orchis pourpre (Orchis purpurea), Listère à feuilles ovales (Neottia ovata), Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis), Orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii) Platanthera chlorantha, la platanthère à fleurs verdâtres

Orchis de Fuchs

Conclusion

Séjour bien agréable. La rencontre des deux associations naturalistes normandes (de Haute et de Basse Normandie) a permis une
ouverture sur l’autre, une perception du partage et un enrichissement mutuel.
C’est avec regret que tout le monde se quitte pour un jour mieux se retrouver.