Café Curieux de nature : Les amphibiens samedi 16 avril 2016

Samedi 16 avril 2016 Découverte du sol de la Forêt et Café Curieux de Nature et
Les Amphibiens en
Forêt de Cerisy
Sortie animée par Sébastien et Loïc
I Découverte du sol de la Forêt
Ce samedi 16 avril, parmi les mouvements écologistes, c’est l’endroit où il fallait être, que de monde et du beau monde au rendez-vous, à commencer par les Curieux de Nature :
Marlène, Sébastien, Loïc, Claire, Gabrielle, Hubert, Céline (A), Céline (C), Dominique(T), Dominique(d), Marie-Jo, Lucien, Karin, Hélène, Alice, Véronique, Bernard, Pascal, Annick, Gérard, en tout 20 passionnés à l’idée de tout savoir sur la composition du sol de la forêt.
Deux correspondants de presse, Liliane Grimaux de la Renaissance du Bessin et Claude Leroutier d’Ouest-France étaient présent pour l’événement.
Après les retrouvailles chaleureuses habituelles, Sébastien emmène les membres de notre belle association dans les bois, pendant que le loup y est pas, non, je plaisante, mais un peu plus loin dans la forêt choisi spécialement là où un grand hêtre git déraciné.


Vue sur les racines d’un hêtre déraciné. 


Là, notre animateur nous explique enfin le grand
mystère de la face cachée de la vie sous terre.

A notre intention, celui-ci nous remet un polycopié avec une clé de détermination des principales formes d’humus aérées de plaine, une liste des horizons de référence définis par le référentiel pédologique 1995, le diagramme des textures de Jamagne 1967 et un exemple de sol type acidiphile.
Je me suis permis de copier coller le descriptif grand public, très bien fait, du site de l’ONF, car techniquement, en écoutant attentivement notre ami Sébastien, la science « pédologique » sollicite une certaine habitude et quelques études approfondies :
Litière et humus
Tout finit au sol pour former la litière : branches et feuilles mortes, cadavres d’animaux, déchets d’êtres vivants… Ils vont être convertis en matière organique grâce à l’action des organismes décomposeurs qui les
fragmentent, tandis que d’autres digèrent les molécules organiques pour les transformer en éléments simples.
Cette activité biologique participe à la formation de la couche d’humus,
réserve de matière organique dans le sol. La décomposition de l’humus libère de l’azote et d’autres éléments nutritifs indispensables à la croissance des végétaux.
En profondeur, la roche-mère qui s’altère forme un matériau meuble que les racines peuvent prospecter. Elles y puisent les éléments minéraux que la sève acheminera jusqu’au feuillage. Ainsi, les richesses du sol sont hissées jusqu’au sommet des arbres. Dans ce processus de pédogenèse (formation des sols), des échanges s’effectuent entre les différents horizons. La matière organique se mélange à des éléments minéraux sous l’effet conjugué de l’infiltration des eaux de pluie et de l’activité des vers de terre. ce titre, les lombrics jouent en rôle important dans l’aération et le brassage de la terre. Ils digèrent les pigments bruns des feuilles de la litière et surtout ingèrent puis excrètent la terre.Dans un sol meuble, les racines peuvent s’enfoncer profondément Si chaque sol est constitué d’horizons, cela ne revient pas à dire que tous les sols se ressemblent. Le fonctionnement biodynamique d’un sol est largement déterminé par ses propriétés physiques. Il dépend de la présence d’air, d’eau et d’éléments chimiques, et est variable selon la nature de la roche-mère, la topographie des lieux et le climat. Un bon biodynamisme favorise le développement de végétaux qui, en milieu forestier, apporteront à leur tour de la substance à la litière du sol. Après transformation, elle deviendra de la matière organique. La végétation en forêt restitue au sol l’essentiel des richesses qu’elle y puise pour sa propre croissance. La forêt favorise par elle-même le développement de sa fertilité et son maintien, à la différence de l’agriculture qui est amenée à utiliser des compléments de fertilité (engrais). La fertilité de la forêt est conditionnée par l’aération du sol, son pourcentage d’argile, de limons ou de sable, sa richesse minérale et ses réserves en eau. Le sol le plus fertile portera, naturellement, les arbres les plus beaux, les plus hauts, les forêts les plus denses.
TRAVAUX PRATIQUES EFFECTUES SUR PLACE
Les outils utiles pour étudier le sol sont principalement la bêche, mais aussi la tarière et la cane (pour les carottes).
Un coup de bêche montre une coupe type de l’endroit où on se trouve, une partie supérieure brun clair, et foncé, rougeâtre et noire et une partie inférieure grise et ocre jaune. De haut en bas : une litière de feuilles encore non dégradées, une couche plus agglomérées où on distingue encore les feuilles, une couche suivante où il est plus difficile de voir les feuilles (en hachis), une couche suivante plus foncée où on ne repère plus la végétation, on atteint la couche d’humus noire qui est d’ailleurs, ici assez fine, quelques petits centimètres, puis la terre devient alors jaunâtre, on est dans le sol limoneux (pas argileux). Sébastien demande aux éminents membres de l’association attentive de trouver le type d’humus ici présent selon la clé remise précédemment, présence ou non d’un horizon OH ? Horizon A grumeleux ou pas, transition graduelle ou brutale, OH inférieur ou supérieur à 1 cm, la clé demande une certaine habitude à l’emploi bref, ce n’est pas facile, et après recherche guidée, le type « Dysmoder » est déterminé avec « brio » !
Quelques notes prises au hasard : sur un sol optimum, les feuilles tombées à l’automne sont dégradées en mai/juin l’année suivante. Dans la forêt 11 tonnes par hectare de matières végétales composent la surface du sol contre 2 à 3 tonnes sur les prés. Dans un mauvais sol l’activité biologique est insuffisante, le sol n’est fertile que superficiellement. Dans la forêt de Cerisy, le sol n’est pas optimum et les espèces d’arbres
ont été choisies en conséquence, le hêtre est particulièrement adapté car il étale grandement son système racinaire pour pouvoir puiser les ressources en éléments nutritifs dont il a besoin (voir photo ci-dessus). Un moindre pourcentage de chênes et quelques conifères complètent cette belle hêtraie.

Loïc et Pascal font un essai de carottage de profondeur d’environ 1 mètre, il faut savoir jouer des muscles pour tourner cette tarière ! Les spectateurs sont un peu déçus : à un mètre on trouve encore ce sol ocre jaune limoneux, mais personne ne s’attendait à trouver du pétrole quand même!
Une seconde station d’essai pour voir la composition du sol un peu plus loin sera choisie pour illustrer la nature changeante des sols forestiers. A moins de 20m du premier trou on trouve là un humus de meilleure « qualité » (dysmull) traduisant au niveau du sol une meilleure fertilité.
Enfin après toutes ces émotions, les Curieux s’offrent un petit diner bien sympathique à la chandelle avec un bon feu de bois à la Belle Loge.

L’auberge espagnole (presque façon Cédric Klapisch)

II Les Amphibiens
Un nombreux public d’une grosse dizaine de personnes est accueilli par Loïc qui dresse immédiatement le topo de cette soirée. Associés aux Curieux encore présents, c’est un groupe de 30 personnes qui se forme.
Sébastien nous entraine alors au cœur de la forêt à un quart d’heure de marche dans une parcelle de conifères récemment défrichée dans laquelle l’ONF a restauré une ancienne mare et créé une nouvelle.
A l’approche de ces mares, quelques difficultés cependant pour marcher dans un sol encombré de branches mortes, de ronces et quelque peu détrempé, cependant tous les participants franchisent courageusement cette épreuve.
Et puis c’est la pêche aux tritons, tant attendue, avec un quota de prises mitigé, car ces mares sont en voie de peuplement en raison de leur création récente.
Néanmoins, Loïc, se charge d’expliquer la vie de long en large de nos amis amphibiens protégés avec son aquarium magique !

Il sera trouvé essentiellement des tritons palmés Lissotriton vulgaris (Linnaeus, 1758) et quelques tritons alpestres Ichthyosaura alpestris (Laurenti, 1768),
un peu d’insectes aquatiques et de belles larves de libellules.
Après ces deux mares nouvelles, une troisième mare beaucoup plus ancienne, déjà visitée par l’association, sera aussi inspectée, et là, les prises seront bien plus nombreuses et feront la joie du public conquis par la pédagogie amicale de notre groupe de Curieux.

Une belle punaise aquatique que l’on voit plus rarement y sera découverte : la ranatre Ranatra linearis (Linnaeus, 1758). Une larve de salamandre et un têtard de grenouille rousse viennent compléter les observations.
Au clair de la lune, la forêt semble avoir bu l’encre de la nuit… Il est temps de rentrer. On emprunte un chemin plus confortable. Vers 11 heures, les amis ont du mal à se séparer en entendant les hululements particuliers des chouettes-hulottes, gardant de très bons souvenirs, et en remerciant chaleureusement leurs guides et organisateurs.
photos Lucien et Dominique.

L’initiative

L’association des Curieux de nature, dont le siège est à Cerisy, organisait, samedi après-midi, deux sorties en forêt.
L’une était réservée à ses adhérents sur le thème de la connaissance des sols, la seconde, en soirée, ouverte au public sur le thème des batraciens en milieu forestier.

Les Cafés curieux de nature, c’est le nom donné aux animations grand public, « parce qu’elles se terminent par un goûter »,
précisent les responsables. Les prochains se dérouleront samedi 21 mai, sur le thème des arbres du bocage, et samedi 20 août sur celui des petites bêtes de la forêt.

Pour les adhérents, les activités sont nombreuses, avec les balades nature, les sorties naturalistes sur une thématique particulière, encadrées par un naturaliste confirmé, les chantiers tels que la plantation d’une haie, la création d’une mare…

Comment se fait le choix entre elles ? « Celles qui sont réservées aux adhérents sont plus techniques », précise Sébastien Etienne, ingénieur de l’Office des forêts, qui animait, samedi, la balade sur l’étude des sols, la pédologie forestière. Quelle différence avec la géologie ? « La géologie est l’étude des roches déposées lors de la formation de la terre ; la pédologie, l’étude des sols entre la roche et la surface. »

Connaître le sol pour bien planter Après une marche d’une dizaine de minutes, le groupe d’une vingtaine de personnes s’arrête autour de Sébastien Etienne. Il va d’abord gratter le sol avec son couteau pour faire apparaître les différentes couches de terre. « Le sol se forme en permanence par la décomposition de la en matière organique, sous l’effet de l’action des vers, des champignons, des bactéries, etc. Il faut trois ou quatre ans pour que les feuilles se dégradent », explique-t-il. Il est assailli de questions, le vocabulaire se fait plus savant : pas de doute le non initié, même le plus curieux, pourrait y perdre son latin.

Mais la finalité de cette connaissance apparaît évidente. Les plantations seront différentes selon que le sol est riche ou pauvre. « A cet endroit, le frêne ne peut pas vivre à l’inverse du hêtre », cite, en exemple, Sébastien Etienne. Cette connaissance du sol essentielle en agriculture ou le potager des curieux de nature. 

Site Internet Ouest-France

 
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