Chez Karine Marsilly, dimanche 10 mars 2024

Arboriste – élagueuse – fermière – écrivaineConférencière

Le Dimanche 10 Mars 2024, 10h00

Adresse: 1 Launay, 50000 Saint-Georges-Montcocq (prés de Saint-Lô)

L’autrice de « Ma vie avec les arbres » Carnet d’une arboriste. Harper Collins Poche.

Animateur : Yann

RV à 10h: café débriefing.

Pique-nique à midi

Les présents-tes :

Claire, Loïc, Célian, Yann, Catherine + 3 / 4 personnes, La Dom, Hélène, Elise, Greta, Dominique, Bernard, Françoise, Adeline, Agnès, Eric, Charlène, Sébastien, Pascal, Nathalie.

L’association recommande fortement la lecture de l’ouvrage de Karine. Tout savoir sur les arbres qui nous sont indispensables pour la vie des êtres vivants de la planète : Comment devenir arboriste, conseil pour la plantation, entretien courant des arbres, reconnaitre un arbre bien mené ou malmené, champignons mangeurs d’arbres, savoir lire sur le calendrier lunaire, arbres et arbustes, deux type de croissance.

Extrait de l’ouvrage de Karine :

« Non seulement je suis une femme et je refuse d’abattre des arbres sans motif valable mais, pour couronner le tout, j’ai décidé de travailler à la scie japonaise, un outil archaïque aux yeux de la plupart de mes collègues. Il ne s’agit pas d’une lubie destinée à me singulariser, c’est une décision mûrement réfléchie. D’abord, l’utilisation de la scie ne m’a jamais empêchée de travailler aussi vite que mes camarades. Au-delà de son efficacité, la scie répond à mes exigences en matière d’éthique environnementale : elle ne fume pas, ne fait pas de bruit, ne vibre pas, ne consomme pas d’hydrocarbures, n’a pas besoin de pièces de rechange…Elle se désinfecte facilement ce qui évite de transmettre des maladies virales d’un arbre à l’autre. »

Scie japonaise

Autre extrait intéressant de son ouvrage :

« Il existe en France des organismes, les Safer, Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, qui sont chargés, selon leur statuts de permettre à tout porteur de projet viable de s’installer en milieu rural. Elles sont obligatoirement informées par les notaires de tous les projets de vente de biens ruraux et disposent d’un droit de préemption. Autrement dit, elles ont le pouvoir d’autoriser ou de bloquer une vente de terres agricoles selon leur appréciation de l’acquéreur. Avertie comme il se doit de la signature du compromis, la Safer de Normandie m’a demandé de quel droit je me permettais d’acheter une terre agricole. J’ai fait valoir  qu’en tant qu’élagueuse, j’exerçais une activité de chef d’exploitation forestière, ce qui me conférait les mêmes droits que tout autre agriculteur.

La Safer m’a rétorqué, en substance, que dans le département de la Manche la forêt et les activités forestières ne présentaient aucun intérêt économique, l’objectif de la région était d’augmenter sa production de lait à l’export…

Comme je savais que la production de viande était considérée comme aussi importante que celle du lait, j’ai orienté mon projet vers l’élevage…

En quelques clics sur internet, j’ai trouvé le numéro de téléphone de la présidente du syndicat départemental de la race bazadaise en Gironde…Quelle ne fut pas ma surprise quand il s’agit d’une des plus vieilles races françaises, donc génétiquement très peu modifiée et qu’elle a été longtemps employée pour débarder des arbres en forêt. Une vache forestière ? Exactement ce qu’il me fallait !» en conclusion : « Grâce aux arbres, j’ai appris à connaitre les vaches et grâce aux vaches, je connais mieux les arbres »

Et c’est grâce à ce détour que Karine a pu réaliser son rêve d’acquérir cette belle ferme et ses champs, en l’entretenant, en soignant ses bêtes et en s’occupant en plus de son métier d’élagueuse, que nous avons le plaisir de découvrir ce dimanche 10 mars.

Ce matin par un temps légèrement brumeux les Curieux ont hâte de faire connaissance avec Karine. Le hameau Launay où elle réside est un toponyme fréquent depuis le XII – XIV ème siècle, il indique un lieu planté d’aulnes.

Comme prévu, un petit briefing de Karine nous présente son lieu d’habitation et ses métiers d’élagueuse et fermière à la fois, les Curieux très intéressés se demandent comment cette jeune femme peut faire tout cela à la fois, le travail ne doit pas manquer. Elle nous avoue qu’il y a peu d’élagueurs-grimpeurs ou arboristes-grimpeurs en France, dernier recensement 2017 de 8700 dont 8% de femmes. « Aujourd’hui, on doit être une vingtaine, guère plus dans la Manche » ajoute-t-elle. C’est un métier à risque le nombre d’accident est d’environ 600 par an en France selon le net.

« Les qualités et compétences pour devenir Elagueur grimpeur. L’élagueur grimpeur doit remplir toutes les conditions physiques nécessaires à la pratique de son métier, avoir une excellente acuité visuelle et savoir rester concentré sur une longue durée. C’est un professionnel vigilant et alerte qui respecte toutes les règles de sécurité. De plus, celui-ci maîtrise les techniques de grimpe, de tailles et connaît parfaitement son outillage. Bien évidemment, il ne faut pas être sensible au vertige. Il doit aussi posséder des connaissances botaniques, afin de déterminer les différentes caractéristiques des arbres et ne pas les abîmer, mais aussi pour détecter certaines maladies ou parasites qui affaiblissent l’arbre. » Hellowork

Puis elle nous présente son élevage d’une dizaine de vaches : C’est la première fois que nous voyons ses vaches de race bazadaises, en élevage Bio, qui, nous dit Karine, sont des animaux calmes et paisibles mais costaudes et lestes. Dans notre région normande on était plus habitués à une autre plus célèbre race, mais celles-ci gagnent à être connues, et selon wikipédia :

« Les sources ne manquent pas pour expliquer l’origine de la bazadaise. Une thèse de Courrègelongue, en 1869 la dit déjà connue des Romains et un vétérinaire, en 1848, l’estime être un vestige du passage des Maures, au VIIIe siècle. Cette thèse est précisée en 1929, la faisant provenir d’un métissage entre rameau aquitain et des races espagnoles. Pour Philippe J. Dubois, plusieurs de ces provenances peuvent être validées dans un brassage ancien qui aboutira plus tard à la bazadaise »

Puis nous nous rendons auprès des bâtiments bien entretenus de sa grande ferme dont les premières pierres datent, selon elle, du 12ème siècle et enfin ce matin il est question de faire le tour du propriétaire.

Auparavant, Karine nous montre une découverte fortuite faite récemment : une boule en pierre granitique qui lui pose question : serait-ce un très très vieux boulet de canon qu’on faisait avant dit-elle 1470, date à laquelle on a commencé à couler des boulets en fonte ?

Karine possède environ 20 hectares de champs en herbe avec de remarquables haies aux arbres centenaires. Pour nous, c’est vraiment le bocage normand tel qu’on se l’imagine et qui a traversé des siècles à deux pas de Saint-Lô, magnifique ! Le terrain est aussi vallonné. « Les bandes herbeuses maintiennent sur les terres agricoles les pollinisateurs et les prédateurs utiles à l’agriculture. Les arbres et arbustes, ressources naturelles renouvelables, permettent la production locale de bois de chauffage et de bois d’œuvre, une matière première biodégradable. », nous dit le Net, on veut bien le croire.

Notre amie Karine mérite cent fois notre admiration pour la sauvegarde de ses champs tout en herbe bordés de haies aux essences d’arbres variés.

Mais il est vite midi et des poussières et l’air sain de la campagne creuse vite les estomacs. Notre ami Pascal nous gâte encore une fois avec sa spécialité, faire lui-même l’enfumage de son poisson : cette fois-ci une splendide truite fumée qu’il découpe habilement, on se régale, merci Pascal.

Puis ? Pas le temps de faire une petite sieste, un petit café et on retourne « aux champs » comme un certain « sous préfet » ! Cf. A. Daudet.

Tour du propriétaire en notant beaucoup de tas de ronces qui seront à éliminer par notre amie Karine ultérieurement. On recherche éventuellement les petites bêtes, on regarde les essences des futurs arbres qui consolideront les belles haies…

Bref, l’après-midi passe à une vitesse grand V. Les Curieux admirent encore une fois notre hôte bien courageuse et n’hésitent pas à poser plein de questions sur les arbres auxquelles Karine répond savamment. Nous remarquons un champ très humide avec des joncs, il y a une résurgence de nappe phréatique. A ce propos,  dans sa propriété elle a repéré quelques amphibiens : tritons, salamandres, rainettes…

Un petit goûter clôturera notre périple chez une personne que les Curieux admirent maintenant pour son courage et sa volonté de préserver notre capital nature sans lequel l’Homme ne peut pas vivre.

De retour à la ferme Karine nous parle de son savoir acquis par expérience sur les arbres et les plantes et leur influence avec les phases de la lune. Un chapitre de son livre « Ma vie avec les arbres » traite d’ailleurs de ce sujet. Elle-même utilise volontiers l’ouvrage « calendrier lunaire 2024 ». Elle nous dit qu’elle coupe l’herbe au moment propice lunaire  et que l’herbe alors repousse un peu moins vite. Elle économise ainsi ses efforts.

Pendant que nous devisons agréablement quelques mésanges sont aperçues. Karine nous confirme qu’elle voit couramment toutes sortes de mésanges : charbonnières, bleues, nonettes et à longues queues.

Extrait de son livre : « Au passage de la pleine lune à la nouvelle lune …le meilleur moment pour tailler ou abattre les arbres se situe en période de lune descendante…que se passe-t-il dans l’arbre lorsque nous passons de la nouvelle lune à la pleine lune ? A la nouvelle lune les sèves redescendent dans les racines et à la pleine lune elles montent dans le houppier. Comme pour les marées, c’est l’alignement du soleil, de la terre et de la lune qui déforme et attire les molécules d’eau. »

Bien que l’après-midi mi-soleil mi-nuage ait été propice pour cette visite, l’association n’a pas remarqué beaucoup de petites bêtes, début mars, ce n’est que l’éveil de la nature :

Coccinelle rose : Oenopia conglobata

Coccinelle à 7 points : Coccinella septempunctata

Tircis : Pararge aegeria

 Vulcain : Vanessa atalanta

Un bon coup de chapeau à Yann pour l’organisation de cette journée qui restera dans notre mémoire.

Merci encore à Karine pour son accueil et sa gentillesse, il nous faudra revenir, il y a tant de belles choses encore à voir, car bientôt la vie va se développer dès le printemps notamment tous les insectes punaises, papillons, criquets, libellules, etc. et pour faire plaisir à Loïc plein de carabiques !

 

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