Restauration (1ère) de l’herbier de Corbière au Muséum de Cherbourg. 03-12-2011

Organisation : Claire Mouquet Loïc Chéreau
Suite à la visite de notre association, le 23 Avril 2011, du Musée Ethnographique d’Histoire Naturelle et d’Archéologie,  les « Curieux de Nature » avaient proposé une aide à la restauration des herbiers des 19ème  et début 20ème siècles, stockés au sous-sol de la bibliothèque des Sciences. Cette proposition avait été volontiers acceptée par Bernadette Cimaur et Françoise Guesnon de la Société Nationale des Sciences Naturelles et Mathématiques de Cherbourg.
Le compte-rendu de cette visite au mois d’Avril est à consulter sur notre Blog à la rubrique « Sortie-Visite ».

Voici encore les « Curieux » embarqués pour une nouvelle aventure, dans le train de 8 heures 30 à la gare de Lison, levés dès potron-minet, pleins d’espoir pour passer une bonne journée.
Sont fidèles au poste : Claire, Loïc, Jacques, Michel, Françoise, Muriel, Dominique (D), Camille et Mélusine (9 personnes)
 

 

Douche froide à l’arrivée, parapluie de Cherbourg recommandé ! On marche vite jusqu’au Parc E.Liais mais les chaussures et les bas de pantalons seront tout trempés.

 

Accueillis chaleureusement par Francis, Françoise et Bernadette, c’est Francis qui nous explique aussitôt le travail à accomplir. Prendre délicatement une  des pages de l’herbier, coller une étiquette neuve de l’herbier de Cherbourg (Herbarium Coriovallensis de Coriovallum nom latino-celtique de la ville) et l’étiquette d’identification de la plante trouvée dans l’existant sur une grande feuille de papier Canson. Détacher avec mille précautions la plante sèche la disposer harmonieusement en la collant légèrement sur son nouveau support. Une feuille de papier double sulfurisé protègera ce beau résultat, comme ci-dessous.

 
Silene campanula, 27 juillet 1892, Alpes Maritimes
En ce qui concerne les origines du nom de la ville de Cherbourg, selon WikiManche :
Jusqu’au 19e siècle, on n’a généralement pas mis en doute l’explication traditionnelle suggérée par les latinisations de type Cesaris burgus et ses variantes, « le fort de César », en usage du 11e au 14e siècle, et prolongée par la « restitution savante » de Cesarbourg en 1424. Les tenants de ce type d’explication prestigieuse et valorisante n’ont pas tous disparu aujourd’hui.
Depuis d’autres hypothèses ont été émises.
L’hypothèse scandinave proposée par René Lepelley postule une formation °kjarresborg, issue de la combinaison de l’ancien norois kjarr « marais » et borg « lieu fortifié ». En effet, vers 1700, selon un plan de Jean Magin, cartographe (1670-1741), le fort de Cherbourg faisait face à des dunes et un marais. C’est sans doute cette explication qui pose le moins de problèmes, tant phonétiques que sémantiques ou historiques. Elle a l’avantage de bien correspondre aux premières attestations, et de proposer une solution plausible. Reste une certaine zone d’incertitude : la valeur exacte de l’étymon scandinave kjarr « marais » ou « broussailles, fourré ». En ce qui concerne la finale, qui est toujours en -burg (ou variantes) dans les formes anciennes, elle représente vraisemblablement, dans le cadre de cette dernière hypothèse, d’une réfection anglo-saxonne de -borg, suggérant une origine anglo-scandinave du toponyme.
 
Mais revenons à nos moutons : L’équipe aussitôt se met fébrilement au travail. Un petit café et des gâteaux sont gentiment apportés par Bernadette pour avoir plus de cœur à l’ouvrage. On exécute la tâche avec un maximum d’attention mais des questions sont aussi posées en cours d’exécution pour certains points difficiles comme plusieurs étiquettes existantes, échantillons de plantes en quantité importante dans le feuillet existant, récupération de fleurs ou graines détachées, etc.…Heureusement, notre ami Francis est toujours là pour nous donner la bonne réponse.
 
La colle blanche « Cléopâtre » pour les étiquettes, amuse les « Curieux » en référence avec leur parcours scolaire mais l’utilisation de petits pistolets à colle pour les plantes fragiles les surprend. Francis rassure sur l’utilisation de ce matériau en raison de sa réversibilité par léger chauffage.
Et la matinée se poursuit ainsi, une bonne quantité de « dossiers » sont déjà « traités ». Il est plus de midi quand l’association accompagnée de Françoise et Francis se rend au restaurant prévu dans le programme : « Le Petit Parapluie ». Nous retrouvons alors Mélusine, notre cherbourgeoise.  Un menu « ouvrier » est choisi avec au choix une entrée, différentes viandes grillées accompagnées de frites et un dessert. Un peu de vin réchauffera par ce temps pluvieux.
 
La patronne du restaurant, en venant nous voir, intriguée par notre petit groupe, et en apprenant que nous faisons un travail de restauration dans un bâtiment du parc E.Liais, conclue hâtivement que nous sommes requis pour restaurer la Momie du Musée (Momie de Nesy-Konsoupa-Khered), ce que nous lui laissons croire volontiers, et qui nous fait bien rire.
 
Et c’est le retour. Mélusine vient renforcer les troupes.
 
Le « savoir-faire » est transmis, le bon rythme reprend, la chemise sanglée comportant toute les chemises existantes diminue. Arriverons-nous à finir cette après-midi ?
 Voici une page de l’herbier existant dans un état de fraîcheur exceptionnel (ce qui n’est pas forcément le cas de toutes), ici Cucubalus baccifer, Saint Maurice au bord de la Marne, Septembre 1896
 Puis une belle page restaurée : Silene nutans, Carteret, 14/6/1896. 
 
La pile de nouvelles chemises de l’herbier restaurée monte allègrement à la satisfaction de notre « patron ». Il nous indique pour information que le volume de l’herbier après restauration est multiplié par quatre. Le sous-sol du bâtiment sera-t-il assez grand pour contenir ce nouveau volume ?
 
Francis nous montre alors la Flore de Corbière de 1893, faisant référence pour tous les botanistes avant la flore de Michel Provost, un bel ouvrage original appartenant à la bibliothèque de la Société des Sciences. C’est en partie grâce à l’herbier, que nous restaurons, que ce livre a pu être conçu, les « Curieux » en sont d’autant plus fiers. Incidemment, il ajoute que nous sommes la première association (honneur à nous)  à venir aider la longue et difficile tâche de restauration entreprise par la Société Nationale des Sciences Naturelles et Mathématiques de Cherbourg.
Oui, finalement, vers 17 heures et des poussières, les « employés méticuleux », redoublant de courage, viennent enfin à bout du gros dossier préparé pour eux. Un autre dossier sanglé sera même ouvert et  commencé.
Hélas, le temps passe trop vite, surtout quand on fait un travail  passionnant, mais le train n’attend pas, l’association prend rapidement congé de ses hôtes et file à la gare.
Merci aux organisateurs pour cette journée bien remplie et très intéressante. Tous les acteurs sont fiers d’avoir œuvré, même modestement, pour la sauvegarde de notre ancien patrimoine botanique que d’éminents  savants ont eu autant de patience  à constituer il y a une centaine d’année. Toute l’équipe est prête à revenir à la demande de la Société des Sciences.
Pour conclure voici la traditionnelle photo de groupe prise par Jacques :
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