La
Nuit des Dragons est un programme national de comptage des
Salamandres tachetées.
La Salamandre tachetée est un amphibien aux allures de petit dragon inoffensif, à la belle coloration noire et jaune.
A la tombée de la nuit, les salamandres partent en quête de points d’eau pour déposer leurs larves. C’est à ce moment qu’il est possible de les repérer sur les bas-côtés des chemins ou au bord des mares, si le temps est favorable :
température supérieure à 10 °C, temps humide.
Les consignes : Rdv le samedi 23 octobre à 20h au Parking de la Luzerne à côté de l’église- Durée 2h à 2h30 – Prévoir Lampes de poches, chaussures de randonnée et vêtements chauds. Pour
nous réchauffer, nous pourrons déguster une petite bouchée avec une boisson chaude.
Le suivi permet de mieux connaître l’évolution de ses populations alors qu’elles semblent régresser.
20 Dragonniers se retrouvent dans la nuit noire, sur le parking de l’église de La Luzerne, dans le nord-est de Saint-Lô : Anne-Marie et Marie-Jo, nos animatrices- Andrée, Dom T, Bernard, Françoise, Hugues, Hubert et Gabrielle des Curieux- Vincent, Charlotte, Julien et leurs 3 enfants (9 à 11 ans), Grégoire et son fils Sergueï 9 ans, Daniel et sa fille et encore deux personnes.
Anne-Marie nous présente la sous-espèce de Salamandre présente en Normandie : Salamandra salamandra terrestris.
Les individus possèdent deux lignes jaunes plus ou moins continues sur leur dos noir.
Les Salamandres vivent dans des espaces forestiers ou bocagers, à proximité de plans d’eau, même exigus (flaque d’eau, petite mare).
Après l’accouplement, le sperme est conservé plusieurs mois dans la spermathèque de la femelle. La Salamandre est le seul amphibien autochtone qui n’est pas ovipare. Après une période de gestation d’environ huit mois, la femelle dépose dans l’eau (sans s’immerger elle-même) jusqu’à soixante larves. La métamorphose
dure entre 3 et 4 mois. La maturité sexuelle est atteinte vers 3 ans, la longévité peut atteindre une vingtaine d’années dans la nature. La parturition s’étale d’octobre à avril, avec deux pics : en octobre-novembre et en février-mars.
Nous partons entre deux champs, sans qu’une magnifique lune dorée parvienne à nous éclairer vraiment. Nous balayons les côtés de nos lampes de poche.
Un riverain sort et interpelle la queue du peloton, demandant ce que nous faisons là. Il est vrai que ce groupe de promeneurs nocturnes a de quoi surprendre. Apprenant le but de notre sortie, il nous assure qu’il n’y a pas de salamandres mais des « tritons noirs et jaunes » … nous voilà rassurés!
Pas de Salamandre en vue. La soirée est vraiment froide, et il n’a pas plu depuis plusieurs jours.
Nous observons un petit ruisseau où s’activent des Nèpes, sortes de grande punaise d’eau de la famille des Nepidae, et des Gammares, un genre de crustacés amphipodes de la famille des Gammaridae.
Nous continuons notre circuit dans des chemins creux à la lueur de la pleine lune.
Arrivés au bord d’un étang, nous faisons cercle autour de Marie-Jo qui nous conte une légende sur la Salamandre.
« Le jeune François grandit sur les bords de la Loire, dans un château à Amboise. Il adore monter à cheval, mais quand il a 8 ans, il fait une chute et reste inconscient plusieurs semaines. On l’installe dans une grande salle du château où l’on fait brûler un feu dans l’immense cheminée. A un moment, François ouvre enfin les yeux et voit sur une bûche une Salamandre qui sort du bois. Il guérit. Toute sa vie, la Salamandre sera son animal-fétiche. Il en fait sa devise « Je me nourris du bon feu et éteins le mauvais ». A son époque, on pensait que les salamandres vivaient dans le feu et étaient capables de l’éteindre. En fait, les salamandres étaient abritées dans le bois qu’on apportait dans les maisons et la chaleur du feu les faisait sortir. »
Grands et petits ont reconnu le personnage du fougueux roi François 1er, qui régna sur la France dans la première moitié du 16ème siècle.
La tempérante salamandre, emblème de François 1er
Nombreuses sont les légendes relatives au « mouron ». Comme le dit le bulletin de l’Observatoire Batraco-Herpétologique Normand, « Les Trachous de Mouron » (les Chercheurs de Salamandres, en normand) : « elle occupe également une place de premier ordre dans le folklore régional et est encore victime, de nos jours, de croyances vivaces. Symbole de la « male bête », elle est souvent considérée comme un « reptile vénéneux » (sic), un taraunte du Cônu, un lézard du Diable insensible aux flammes ! »
La nuit étant décidément fraîche, nous reprenons notre marche vigilante dans les chemins. Hélas, les conditions n’étant
pas favorables, trop froid, trop sec, nous ne verrons pas de salamandres. Seuls les hululements des chouettes hulottes nous
accompagnent.
Un petit goûter à tâtons revigore les Dragonniers.
Nous nous quittons avec beaucoup de connaissances pour à notre tour chercher les Salamandres près de chez nous quand nous repérerons les conditions adéquates.