Café Curieux de nature : Les Mares le samedi 7 avril 2018

Café
Curieux de Nature « Les Mares »
Le samedi 7 Avril 2018.
Organisateurs
et Animateurs
Sébastien et Pascal
RDV
à 19h à la Maison de la Forêt à Cerisy-la-Forêt, adhérents et tout public.
Une petite trentaine de personnes sont présentes dont
une dizaine d’enfants accompagnés de leurs parents, ce qui plait
particulièrement à l’association à la recherche de la bonne transmission des
valeurs naturalistes aux plus jeunes. Pour notre association 14 personnes
étaient bien là : Sébastien, Marlène, Lucien, Loïc, Claire, Célian,
Andrée, Juliette, Yann, Lucie, Dominique D. Dominique T, Pascal, Françoise D.
Le temps n’est pas particulièrement de la partie avec une pluie « bien de
chez nous » ce qui est tout à l’honneur pour la venue des adhérents et non
adhérents  bien courageux.
Bref après quelques présentations, le covoiturage mène
toute l’équipe à la maison forestière au carrefour du Rond Point en plein cœur
de la belle forêt de Balleroy /  Cerisy,
point de départ pour cette balade naturaliste d’environ 1,5 km à l’aller, 2 km
pour le retour.

Sébastien
explique  le programme de ce soir et le
chemin à prendre pour découvrir quelques mares intéressantes. Le top départ est
donné en empruntant le chemin du Bois l’Abbé. La marche pour une fois est
soutenue, rompant avec le rythme habituel des Curieux, mais il faut arriver le
plus tôt possible tant qu’il fait jour par ce ciel très gris et humide avec une
pluie fine.

On remarque au
passage en ce tout début de printemps la belle couleur de la mousse d’un vert
tendre émergeant sur le tapis des feuilles ocre rouge du dernier automne.

Sébastien qui a en
charge la difficile tâche d’une bonne gestion de la forêt nous parle des
marques particulières  sur les troncs de quelques
arbres destinés à être coupés dans la cadre d’un élargissement du chemin
propice à la biodiversité, par endroits précis.
En chemin, Yann et
Lucie découvrent, dans les ornières de nombreuses larves de salamandres
caractéristiques par leurs petits points blancs à la base des pattes avant et arrière.

Enfin on arrive à
une très grande parcelle portant le numéro 14, défrichée récemment et replantée
essentiellement de chênes. Celle-ci est clôturée pour protéger les jeunes plants
de l’abroutissement des herbivores comme les biches et les chevreuils. Les
marcheurs obliquent à gauche où se trouvent deux mares. Une des deux était
existante et a été nettoyée, l’autre a été crée en complément, toutes deux
bénéficient d’un espace aéré et ensoleillé à souhait.

Avant de
« pêcher » les amphibiens il est bien sûr rappelé que ces animaux
sont tous protégés (Arrêté du 19 novembre 2007). Ils doivent être
manipulés avec précaution et les mains mouillées, et, remis à l’endroit où on
les a trouvés, sous la responsabilité d’une personne autorisée par dérogation
préfectorale. Il est rappelé aussi que nombre de ces bêtes très utiles sont en
fort déclin
en
raison de plusieurs facteurs (
destruction
et modification de leurs habitats, fragmentation des milieux, pollution de
l’atmosphère, des sols et des eaux, mortalité sur les routes, braconnage, etc.).
L’ONF, gestionnaire de cette forêt doit être par conséquent particulièrement
complimentée par sa gestion « mares » puisqu’environ une soixantaine
de mares sont préservées (existantes ou nouvellement créées pour compléter le
semis.) La forêt de Cerisy, aussi appelée forêt de Balleroy, est une forêt
domaniale de 2 127 hectares plantée de hêtres à 75 %.

La première mare
restaurée est peu profonde, environ 1,30 m, la deuxième à ses côtés est
nouvelle, plus profonde, plus grande, et profilée en rives à pentes variées
pour faciliter l’installation des plantes aquatiques, supports de ponte pour
plusieurs espèces d’amphibiens.
Dès les premiers coups
de troubleau les découvertes sont multiples et intéressantes : Tritons
alpestres (Ichthyosaura
alpestris)
,
tritons palmés (Lissotriton helveticus), larves d’alyte, larves de
libellules, etc.… Ces petites bêtes fragiles sont mises aussitôt dans des petits
bacs plastiques transparents remplis d’eau où on peut les admirer et les photographier.

Sébastien a
préparé une clé pratique en couleur pour la détermination des espèces et donne
la marche à suivre par le détail à observer pour ce faire :
Triton palmé
mâle : un petit fil noir dépasse au bout de sa queue, pattes arrière
palmées, gorge rose sans aucune tache…
Triton
alpestre : ventre orangé, petite crête du dos blanche avec motif en zig
zag, ceinture en peau de panthère du museau jusqu’à la queue…
En France, il
existe 5 espèces de tritons irrégulièrement disposés en plus ou moins grand
nombre dans les régions et c’est en Basse Normandie que nous en avons le
maximum, soit 5 espèces : Palmé, Alpestre, Ponctué, Crêté et Marbré, à
cela il faut ajouter le triton de Blasius (qui résulte de
l’hybridation entre le triton crêté et triton marbré) et que les Curieux ont déjà
observés à la Com’Nat de Vauville le 8 avril 2017.

Voilà  un bel exemplaire de triton alpestre manipulé
avec soin dans des petites mains très  humides.

Voici la deuxième
mare nouvellement créée, avec ses terres d’extraction modelées en buttes en
périphérie.
La nuit
commence  à tomber ;  la pluie s’est arrêtée.

Un petit lézard
vivipare est fortuitement découvert  et
il est facile à l’image d’observer qu’on ne peut pas confondre ainsi les
amphibiens et les reptiles. Ces derniers ont aussi un statut de protection.

Loïc, chanceux et
grand observateur naturaliste, découvre au bord de cette deuxième mare un
exceptionnel Alyte accoucheur ou
Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans). Cette découverte
fait l’admiration de tous, il est plutôt rare d’observer ce papa poule portant
ses œufs sur son dos.
Les œufs se développent sur le dos du mâle pendant
3 à 8 semaines avant qu’il ne les dépose dans l’eau juste avant leur éclosion.
En somme c’est un
très bon père de famille contrairement à ses acolytes (sans jeu de mot) qui
pondent dans l’eau et se désintéressent complètement de leur progéniture !
Et on peut ajouter que c’est, avec l’Hippocampe,
l’ancêtre du mouvement M.L.H. (à ne pas confondre avec les H.L.M.), et qui
signifie Mouvement de Libération de l’Homme
.
Un mouvement plein d’avenir…lointain !
Puis le petit groupe se remet en
marche vers deux autres mares, cap au sud-ouest, vers la parcelle 21, en
faisant attention de ne pas tomber dans des marettes à sphaignes ou de se
prendre les pieds dans des ronces qui trainent à terre. En chemin, soulevant un
tronc d’arbre mort, Sébastien découvre un triton en phase terrestre à la peau
plus sèche et plus foncée, et rappelle que les tritons sont des animaux
terrestres mais qui ont besoin d’eau pour se reproduire.
Les deux autres mares sont au
fond d’une prairie à molinie défrichée dans les années 1960 pour les cerfs et
chevreuils. L’une était existante et connectée à un ruisseau se jetant dans
l’Elle, c’est pourquoi elle peut avoir quelques petits poissons qui, comme on
le sait ne font pas bon ménage avec les amphibiens. L’autre, à côté, a été
créée recemment (6 ans et en forme de rein) et il est interdit de rejeter les
« pêches » dedans pour ne pas transporter d’éventuels œufs de
poissons.

La mare ancienne

La nouvelle mare.
Aussitôt les naturalistes
reprennent leur « pêche » et découvrent toujours autant de
merveilles, tritons, tétards, mais aussi larves de pryganes, insectes
aquatiques, larves de demoiselles et libellules, insectes aquatiques et même des
petites sangsues, etc.

Magnifique triton alpestre au
sublime ventre orange

Petit insecte aquatique, famille des Dytiscidés, 4,5-5 millimètres : Hyphydrus
ovatus

Belle larve d’Alyte accoucheur
(
Crêtes ponctuées de petits
points noirs biens délimités)

Sangsues sur la main de Yann
(inoffensives pour l’homme)

Lucie est à féliciter,
passionnée, elle a donné beaucoup de coup de troubeaux très fructueux toute la
soirée. Serait-ce la ressemblance avec son prénom qui, comme la découverte de
notre ancètre
Australopithecus
afarensis
« Lucy » par notre paléontologue
national
Yves Coppens, la prédestinerait
à devenir une grande scientifique ? Pourquoi pas !

Une autre « pécheresse »
aussi passionnée, notre amie Juliette. Les Curieux auraient-ils succités de
belles vocations naturalistes par leurs descendances ? Tout porte à
le croire !
Le retour aux vehicules, vers
21 h 30 / 22 heures, par la chemin de la Réserve,  se fait sans histoire et toujours sans pluie,
la chance pour les Curieux était avec eux. Comme il est de tradition un café et
boissons fraîches sont offerts à tous, à l’arrivée, avec  de bons gâteaux « maison » le tout
bien apprécié après toutes ces belles découvertes. Merci à Marlène pour ses
madeleines au chocolat, à Andrée et Loïc pour les gâteaux moelleux, et à Lucien
pour les croquants. Un grand merci aussi aux animateurs bénévoles, Pascal pour
le partage de ses connaissances naturalistes des milieux aquatiques  et Sébastien qui a su faire partager son
grand interêt et ses connaissances  qu’il
a pour la grande et belle forêt de Cerisy.

 

Nota bene : pour
donner suite à cette balade, toutes celles et ceux qui souhaitent apporter leur
pierre à l’édifice de la connaissance des amphibiens peuvent prendre part à une
enquête photo, proposée par la Société herpétologique de France et les CPIE.
Ci-dessous, voici comment faire :

La démarche « Un
Dragon ! Dans mon jardin ? » est une opération de sciences participatives
initiée en 2004 en Normandie, invitant le public à photographier les Amphibiens
et les Reptiles observés dans les jardins ou lors de balades.

Le principe
est simple !

Vous observez un
amphibien ou un reptile dans votre jardin ou en balade :

1/ Faites une
photo

2/ Postez cette
photo sur
undragon.org

3/ Des
herpétologues vous indiqueront ou vous confirmeront le nom de l’espèce

4/ Votre
observation sera intégrée dans la base nationale de données herpétologiques et
permettra d’affiner le niveau de rareté de l’espèce et d’orienter les actions
de conservation

Pour plus
d’informations et participer à la démarche, rendez-vous vite sur le site
undragon.org !

 P.J. : Article de La Manche Libre:

 



 


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